Depuis ses origines, le domaine du Taillis est une propriété privée où seulement quelques rares privilégiés ont eu la chance de pénétrer. Il est classé Monument historique depuis 1996.
L’histoire du domaine commence au XIIème siècle.
Sur le fief du Taillis, un manoir fortifié servait d’office de parquier (qui rendait la justice) et avait un rôle défensif de par son implantation géographique sur la Seine et en amont de la ville du Trait. De cette construction défensive, il ne reste aujourd’hui que la très belle cave voûtée du Château. Face au fief du Taillis, sur le mont David Villa, on trouve une léproserie qui dépendait de l’abbaye de Jumièges.
Le premier grand propriétaire du domaine est Robert Destin, en 1484, il était vicomte et chapitre de la Cathédrale Notre-Dame-de-Rouen, chargé à l’époque de surveiller la construction du palais de Justice de Rouen.
En 1532 que Richard du Fay se porte acquéreur du fief du Taillis et se fait appeler Richard III Du Fay du Taillis. Il était le grand vicaire de Georges Ier d’Amboise, cardinal et premier ministre de Louis XII.
La construction du château
La construction du château que l’on connaît aujourd’hui, débuta alors dans la première moitié du XVIème siècle.
Le bâtiment de style Seconde Renaissance Italienne est à ce jour l’unique vestige de ce type en Seine-Maritime. La pierre utilisée pour la construction est une pierre du bassin Parisien, la pierre de Saint Leu, acheminée par bateau sur la Seine. La façade est richement décorée de pilastres et de frises décoratives.
Le style si particulier du château a été inspiré par des artistes que côtoyait le comte. Ces artistes d’inspiration italienne, ont été employés aux constructions des tombeaux de Georges Ier d’Amboise ou de Louis de Brézé dans la Cathédrale de Rouen. Ils participèrent aux constructions des Châteaux des cardinaux tels que Gaillon.
Au décès de Richard du Fay en 1543, les travaux de construction du Taillis sont inachevés. On ne sait si le château était alors habitable.
Les différents héritiers du seigneur du Taillis continuèrent la construction et l’agrandissement du Château. En 1623, deux pavillons sont ajoutés de chaque côté du Château, de style Louis XIII, leur originalité repose sur les deux demi-arcs recouvert de feuilles de cuivre. Quelques années plus tard, un corps de liaison est créé, il permet de rattacher au château un ancien manoir à pan de bois, que l’on appelle la « maison du Chapelain ».
Dans la seconde moitié du XVIIIème, Claude Bernard du Fay, alors seigneur du Taillis, ajoute deux ailes supplémentaires de chaque côté du bâtiment actuel. Ces deux ailes en brique jaune, reprennent les dimensions exactes du corps de liaison et du manoir à pan de bois, pour un respect des symétries et des proportions. A cette même époque, l’ancien escalier du Château qui devait être central fut démonté et remonté sur la façade arrière.
Sur la façade du château a été sculptée par la famille du Fay une série de douze blasons représentant les mariages de la famille du XVème au XVIIème siècle. L’un d’entre eux reprend la devise de la famille « Faire bien et laissez dire ».
Le château du Taillis se présente aujourd’hui dans l’état architectural du XVIIIème siècle. De nos jours, peu de personne peuvent constater les différences de constructions et d’époques. Le regard sur la façade nous permet d’admirer un travail exemplaire de symétrie et de rigueur malgré les 300 ans d’âge entre les premières et dernières pierres.
L’aménagement intérieur du château
L’intérieur du château a été modifié au XVIIIème. On abandonne les grandes pièces des siècles passés pour de plus petits salons, qui ont chacun un usage et une décoration particulière. Lambris et décorations Louis XVI vont habiller la plupart des salons.
La salle à manger installée à proximité des cuisines possède un ravissant poêle alsacien, en briques réfractaires émaillées. Ce poêle servait à la fois comme cheminée et comme chauffe plat. Le salon Chinois, salon de compagnie est ornée de peintures sur soie du XVIIIème, encadrée dans des boiseries Louis XV, de style baroque.
Avant les grands travaux d’aménagement, une chapelle consacrée à Saint-Laurent était érigée sur deux niveaux et un balcon surplombait l’autel. On transforme alors cette chapelle en théâtre. Il conserve les mêmes proportions, on remplace l’autel en estrade. Tout est aménagé pour le bon déroulement des spectacles et des changements de décors. Des décors peints de cette époque ont été retrouvé dans les écuries du Château.
Les pièces des étages supérieurs sont principalement dédiées aux couchages.
Le Parc et ses jardins
La perspective du château est dessinée par des allées d’ormes, qui furent remplacés par des tilleurs au XVIIIème sur plus de 800 mètres.
Le parc de 5 hectares qui entoure le château est inclus dans le Parc Naturel Régional des boucles de la Seine Normande. Ce parc est aménagé à la française jusqu’à son réaménagement partiel à l’anglaise au XIXème. On y aménage de nombreux massifs et bosquets. Certains des plus beaux arbres de la région, classés « arbre remarquable de France », rayonnement dans le parc du château.
Une orangerie en forme de temple Gréco-romain s’appuie sur un des murs d’enceinte de l’ancien manoir. Ce petit bâtiment a un style architectural totalement atypique. Il présente tout du goût des « folies » du XVIIIème siècle.
Le Domaine aujourd’hui
La famille Navarro achète la propriété en 1998. Tout est fait sur place pour restaurer et réhabiliter le château, l’ensemble de ses dépendances, le parc et les jardins. Ce travail est passionnant, enrichissant mais coûteux en énergie.
Pour financer en partie ces réhabilitations, plusieurs activités sont présentes sur place. De nombreuses manifestations sont organisées toute l’année. Des réceptions professionnelles et familiales sont également organisées dans les salons du château.