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Alors qu’en 1978, dans le but de lutter contre les discriminations, fut votée la loi « informatique et libertés » interdisant de traiter« des données personnelles faisant apparaître les orientations politiques, religieuses, syndicales, l’état de santé ou les origines ethniques et raciales », trente-six ans plus tard, Mémona Hintermann, membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) initialement favorable à cette loi, déplore « le manque d’instruments d’évaluation pour pointer du doigt des discriminations ». Elle réitère ainsi son souhait exprimé en 2013, estimant que « l’interdiction des statistiques en France handicape les progrès de la représentation de la diversité à la télévision ».
Madame Hintermann, fille d’un Indien musulman et d’une Créole d’ascendance bretonne et catholique, est une Réunionnaise qui, si elle se rend compte, depuis son arrivée en métropole à l’âge de 24 ans, du changement de la société française, estime sa représentation à la télévision malheureusement insuffisante. Pas assez de diversité dans le divertissement, le sport, les magazines, les fictions, les émissions, dit-elle. Autrement dit, trop de Blancs dans le petit écran métropolitain. Mais, si on suit la logique de madame Hintermann, que pense-t-elle de la surreprésentation de la diversité dans les postes de télévision réunionnais ? Les Zoreils établis dans l’île n’ont pourtant jamais eu l’idée de s’en offusquer.
La nomination au CSA de Mémona Hintermann aurait pu être une chance pour la France. Ce n’est pas le cas. Madame Hintermann a peut-être oublié l’histoire de son île. Si l’exemple de l’île de La Réunion est un merveilleux fruit de tant de brassages ethniques, il ne le doit pas aux injonctions de métissage obligatoire, du vivre ensemble, et certainement pas à une « chance pour la Réunion », son peuplement s’étant fait à partir d’une île déserte, sans racines culturelles ni cultuelles.
Aussi, quelles sont les motivations de Mémona Hintermann à vouloir que soit autorisé aujourd’hui ce qui ne l’était pas hier ? En effet, les statistiques demandées ne viseraient-elles pas tant à évaluer les profonds changements de la société française (que tout un chacun a remarqué depuis belle lurette, y compris à la télé ou la radio) qu’à leur donner la possibilité de les accélérer ? Pour preuve, la déclaration de Yamina Benguigui en 2004 : « À qualité égale, priorité aux Beurs »… Vous avez dit discrimination ?
Bref, vous l’avez compris : les statistiques ethniques interdites en 1978 afin de ne pas stigmatiser les populations arrivantes seraient désormais les bienvenues pour discriminer les sortantes. Pourra-t-on les utiliser également dans les prisons ? Chiche !
Lu sur Boulevard Voltaire