Ce qui est formidable, avec Christophe Castaner, le couteau suisse d’Emmanuel Macron, c’est que, justement, il trouvera toujours formidable ce que dit, fait, pense son patron. Ça, c’est vraiment pratique. Reposant, si vous voulez. Si, demain, Emmanuel Macron décrète que l’été commencera désormais le 1erfévrier et que les gardes républicains porteront cuirs et chaînes, Castaner sera là, fidèle, pour expliquer, démontrer et tweeter que c’est une idée géniale, moderne, progressiste.
Castaner, c’est le valet de chambre que même la reine d’Angleterre, en 65 ans de carrière au compteur, n’a jamais eu. Des comme ça, on n’en fait plus. Il paraît qu’ils ont cassé le moule. Il restait cet exemplaire, déniché un dimanche après-midi de vide-grenier du socialisme. Macron l’a tout de suite pris en se disant qu’il y aurait bien moyen de le caser quelque part dans son salon. Même Brigitte a trouvé ça sympa. On le prend ? Allez, soyons fous, on le prend ! Au pire, on le refourguera à la prochaine braderie politique. En plus, c’était donné, six mois de campagne sans frais. Une affaire, quoi !
Et faut dire que, pour l’instant, on n’est pas déçu. Y fait tout comme on lui dit, voire plus. C’est son côté cacou méditerranéen qui n’hésite pas à en faire des tonnes. Lui, au moins, il n’a pas été biberonné au giron velu de la CGT, genre service minimum. Bon, il paraît qu’il a plombé de dettes les collectivités qu’il a dirigées. Mais ça, entre nous, on s’en fout un peu, non ? C’est le contribuable qui paye, pour paraphraser « l’autre ».
Prenez la teuf à Manu, last Thursday, un remake édulcoré de Caligula pour les moins de 18 ans. Les photos, les vidéos de la bacchanale circulent sur les réseaux. On y découvre, notamment, le Président et Madame entourés nuitamment d’éphèbes d’ébène. Le bourgeois, qui a voté à 70 % – voire plus si affinités – pour lui, est d’un coup choqué, tout abasourdi, un peu comme si son immeuble haussmannien du VIIe arrondissement lui était tombé sur la tête. La droite et l’extrême droite évoquent les pires heures des règnes de Néron et Sardanapale réunis. Bref, on découvre ou on fait semblant de découvrir qu’Emmanuel Macron n’était pas si fréquentable que ça. Eh bien, le valet de chambre débarque aussitôt, dès potron-minet, langues de belle-mère en bandoulière et pot de chambre en main – c’est l’attribut de la fonction –, pour déclarer qu’il n’y a pas de problèmes, qu’en plus les selles du monarque sont impeccables et que les propos nauséabonds des homophobes, racistes et autres bas-de-plafond n’ont rien à faire dans une République éclairée à l’éolienne. Je cite le Premier valet de chambre : « Diffusons cette photo puisqu’elle gêne tant une partie de la classe politique qui banalise des propos racistes et homophobes. Juste comme ça. L’air de rien… Il y aurait des endroits où l’on pourrait s’afficher. D’autres non. Cette photo vous dérange ? Tant pis. Partageons-là ? » Il paraît, effectivement qu’il y a des endroits pour ça. Christophe Castaner doit les connaître : c’est son boulot. Emmanuel Macron a vraiment beaucoup de chance d’avoir Christophe Castaner à son service.
Sous la monarchie, la charge de Premier valet de chambre du roi était très recherchée, prestigieuse même.
Georges Michel – Boulevard Voltaire