Demain, tous cyborgs !

Dans un entretien intitulé « Google veut stopper le vieillissement » et publié dans Le Figaro Magazine du 13 juin, le chirurgien et énarque Laurent Alexandre nous décrit dans les grandes largeurs les projets du « transhumanisme ». Si vous pensiez que la décadence morale de notre civilisation avait désormais touché le fond (mariage homosexuel, banalisation et légitimation du bi et trans-sexualisme, endoctrinement de nos enfants dès le plus jeune âge, destruction de tous les niveaux d’identité, dénonciation et effacement des racines…), vous risquez d’aller de surprise en surprise. Seulement pour le pire.

Qu’est-ce que le transhumanisme ? « C’est vouloir rallonger l’espérance de vie et, pourquoi pas, atteindre l’immortalité (sic), développer une intelligence artificielle supérieure à l’intelligence humaine et brancher l’intelligence artificielle sur le cerveau humain. » Il n’y a pas à dire, ce programme est enchanteur ! Le rêve des nouveaux démiurges Larry Page et Sergeï Brin, ci-devant propriétaires de Google, est donc de former une humanité de cyborgs. Ce qu’ils ont déjà formidablement amorcé en transformant des centaines de millions d’individus en dépendants technologiques, littéralement rivés à leurs outils « intelligents », totalement retirés du monde réel et ne communiquant avec ce dernier qu’à travers leurs gadgets. Ils veulent désormais passer à l’étape supérieure en faisant fusionner la technologie qu’ils génèrent et la réalité biologique de l’être humain.

Les prétentions de ces bricoleurs du vivant vont faire passer les eugénistes du XXe siècle pour de petits rigolos. Il suffit pour s’en convaincre de s’intéresser à la société 23andMe (également passée sous le giron de Google) qui, après avoir proposé, pour quelques centaines de dollars, une analyse complète du patrimoine génétique, s’intéresse désormais à la sélection d’embryons. Comme le reconnaît Laurent Alexandre, « ce que propose 23andMe, ce n’est rien de moins que de sélectionner les qualités des enfants du futur ! »

Les Cassandre du XXe siècle : Huxley, Orwell, Ellul ou Charbonneau, avaient donc vu clair. La frénésie progressiste, qui voyait dans toute innovation un nouveau pas vers le jardin d’Eden, nous emmène bel et bien droit dans le mur, ou plus vraisemblablement dans la grande fosse commune d’une humanité qui aura perdu toute dignité.

Il faudrait donc que notre famille conservatrice (dans le beau sens de ce mot de conserver la tradition, c’est-à-dire ce qui ne passe jamais), assume son anti-progressisme et en sois fière, car il n’est rien d’autre que l’affirmation de la vie sur la mort sous perfusion technologique qui nous est proposée. Forts de nos profondes racines, nous pourrons alors traverser la tempête et voir courir, demain, nos enfants de vieille souche dans le beau jardin du pays de France.

Pierre Saint-Servant

 

Lu dans présent

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