A l’occasion des commémorations du centenaire de la bataille de Verdun, François Hollande était l’invité de France Culture le 24 mai 2016. François Hollande s’est entretenu avec Emmanuel Laurentin, pour La Fabrique de l’Histoire, sur la place de l’histoire dans son exercice du pouvoir : des leçons du passé à l’inattendu du présent, des responsabilités historiques dans les conflits actuels à l’importance de la mémoire.
“Aujourd’hui je suis dans l’histoire” a affirmé le président de la République François Hollande.” L’histoire, parfois, laisse penser que nous aurions connu le pire et que nous n’aurions maintenant qu’à nous partager le meilleur, que les civilisations ne feraient qu’avancer et qu’il n’y aurait pas de retour, de la barbarie, de la guerre, de l’extermination. J’ai constaté au cours de ces quatre années que la tragédie venait s’installer dans le récit.”
François Hollande, s’il estime qu’il y a des leçons à tirer de l’histoire, affirme ne pas oublier pour autant “l’inattendu, l’imprévu” : “Ce qui fait la responsabilité du chef de l’Etat, c’est d’être prêt à saisir l’inattendu. L’inattendu ce n’est jamais l’incompréhensible, il faut bien le mettre en l’évidence. L’inattendu c’est qu’il y a un événement qui n’était pas prévu, une catastrophe, un acte terroriste, le déclenchement d’un conflit. Mais ce n’est pas incompréhensible, il y a des phénomènes qui nous permettent de voir les causes de ce qui advient. Le rôle du chef de l’Etat c’est de saisir l’inattendu pour le remettre dans une logique rationnelle.”
“La mémoire doit être reconnue et l’histoire doit être absolument respectée. Il ne peut y avoir de réconciliation s’il n’y a pas de connaissance et même de reconnaissance. Il en va de même pour la guerre d’Algérie. Si on veut taire ce qui s’est produit, alors on fait resurgir les frustrations, les colères et les douleurs. Quand je dis les drames c’est aussi bien ce qu’il s’est passé à travers la répression à l’époque et puis aussi la torture, ce qui a été une somme de violences à l’égard du peuple algérien qui était colonisé. Il faut aller jusqu’au bout de cette reconnaissance. […] Il faut parler de tout pour que nous puissions vivre ensemble à partir de cette reconnaissance.”