En Irlande, le mariage n’existe qu’à l’Eglise! La réalité du dernier référendum!

En plein weekend de Pentecôte, stupeur et tremblements chez les cathos et les militants de la Manif pour tous. La très catholique Irlande, Eden préservé, serait-elle en train de voler en éclats ? Le paradis du trèfle à quatre feuilles, du rugby originel et de la bière coulant à flots ininterrompus serait-il perdu ? Serions-nous submergés, privés d’un refuge, d’une base arrière pour nous replier dans un kibboutz de catholiques avant la fin du monde ?
C’est précisément ce que voudraient nous faire croire les chantres du « ni maîtres ni dieux ». En finir avec ceux qui déjà se chauffent sur de futures mobilisations pour défendre la famille et dont les réseaux s’agitent sur d’autres causes comme celle de la réforme du collège. Poser un éteignoir sur ces cryptos cathos, plus royalistes que les rois d’Irlande !

Les Irlandais ont dit oui à deux questions :
1 Que deux personnes de même sexe puissent s’unir devant un officier public.
2 Que l’on abaisse les limites d’âge électorales.

So What ?
La réalité du mariage en Irlande est qu’il n’existe qu’à l’Eglise. Le prêtre irlandais dispose de la qualité d’officier public et tient les registres d’état civil, comme en France jusqu’en 1789. La quasi-totalité des gens se marient sans mettre les pieds dans un bâtiment administratif ni voir un élu. Certes, il existe un mariage civil en Irlande, de fait peu usité. Les Irlandais abandonnent volontiers à César ce mariage-là. Cela restera un épiphénomène, une incongruité.
Avec 2 000 divorces chaque année, les Irlandais ont confiance dans l’Eglise et l’institution familiale. L’église catholique s’est toujours tenue à distance respectable de la République irlandaise, c’est historique et lié à l’indépendance de l’Irlande. L’Armée républicaine irlandaise était laïque et ouverte aux protestants. C’est ainsi que l’Irlande ne s’est pas construite sur une guerre de religion entre catholiques et protestants mais sur un nationalisme identitaire.
Notre presse devrait s’acharner sur l’obscurantisme religieux et l’éternel retard de l’Irlande qui continue envers et contre tout d’interdire l’avortement et de rendre très compliqué le divorce. Mais ils ont choisi une présentation tout autre, dans un but bien évident de brimer ceux qui seraient tentés de continuer le combat, pour les convaincre de la vanité et l’inutilité de celui-ci. Cela n’est pas sans rappeler la nouvelle stratégie usée contre le pape François. Plutôt que de prendre de front les cathos, on sème le trouble, on divise, on déploie des écrans de fumée, on met en avant des « questions sociétales » qu’il faudrait se poser, même quant aux sacrements. Comme si le sacré pouvait se négocier. Comme si l’isoloir et l’encensoir devaient fonctionner de concert. L’Irlande vient de nous prouver le contraire, de la plus brillante manière qui soit.
En vérité, c’était la deuxième question qui avait une importance en Irlande. Grâce à sa politique familiale nataliste, dynamique et équilibrée, la très catholique Irlande est le pays le plus jeune d’Europe. De sorte que l’abaissement des limites d’âge électorales était un débat récurrent dans le pays depuis des années. Le plus grand « Yes », c’est celui donné aux jeunes générations de catholiques irlandais qui vont entrer en politique.
Le politique français, lui, devrait chercher le trèfle à quatre feuilles dans les pelouses des jardins du Luxembourg, et notre presse d’état constater qu’en Irlande, la question a été posée par référendum, à la différence de ce qui s’est fait dans la patrie des droits de l’homme.

Lu sur Boulevard Voltaire

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