Dans le cadre des déchets entrent aussi ceux que les sciences produisent.
Nous avons tous une image positive des sciences que nous vivons de très près quand nous sommes malades : nous admirons nos médecins hospitaliers et le plus souvent à juste titre car ils associent aux connaissances l’attention aux hommes et un grand dévouement. En revanche, nous ignorons souvent combien les sciences produisent de déchets que l’on ne sait pas détruire : les déchets atomiques bien sûr, dont on ignore s’il faut les enterrer profondément (au risque de pollutions profondes) ou en surface (afin de pouvoir les récupérer à tout moment s’il y a danger ), mais aussi ceux qui voguent par millions dans les eaux du Pacifique (les déchets plastiques), ceux qui s’amassent au fond des mers (les carcasses métalliques ou des jonques avec parfois des milliers de porcelaines chinoises), ceux qui résultent de l’exploitation des terres et que les fleuves restituent à la mer (engrais et pollutions des plages), ceux qui suivent l’érection de tel barrage cyclopéen en Chine ou en Egypte, ceux qui viennent de l’industrie comme l’amiante jadis fêté et désormais, pourchassé car cancérigène, etc.
Les sciences nous ont tellement épatés depuis leur naissance que l’on oublie que toute création comporte des conséquences parfois invisibles ou imprévisibles… à petite ou très grande échelle. Et elles sont hélas parfois non-maitrisables tels les contaminants chimiques désormais répandus sur toute la Terre et que stockent tous les organismes vivants.
Que dire des conséquences de la médecine occidentale qui a fait passer l’Afrique de 100 millions d’habitants en 1900 à 1 milliard en 2000 et transforme la planète en société de vieillards ?
Les sciences nous ont émerveillés parce qu’elles fournissaient des « découvertes », supposées révéler des choses naturelles qui existaient de tout temps (le vide, la gravitation, les microbes), alors que leurs produits sont des fabrications complexes qui ont pris du temps, des « saisies » du monde dans lequel nous vivons, des interprétations du jeu des deux pôles le Réel/Nous (Nature/Culture), expérimentées, vérifiées mais toujours sujettes à révision, à complément voire à rejet total, comme le montre l’histoire des sciences.
Les antibiotiques, remède miracle, d’après la Ière Guerre mondiale, générent des microbes résistants, les nouveaux matériaux provoquent des mutations, les émissions de gaz entraineraient le réchauffement du climat, etc., et les implants dans le corps humain, de même que ceux de la robotique laissant penser à une proche transhumanité.
Dans le domaine des sciences humaines, où existe très peu d’expérimentation, des théories créées, sans épreuve du réel, sont à l’origine des événements dramatiques du XXè siècle (marxisme) d’affabulations psychopsychanalytiques (F. Dolto, B. Bettelheim), de graves erreurs pédagogiques qui continuent, hélas (Mérieux), des dérives actuelles telle la théorie du genre ou cette idéologie de la table rase qui a saisi Vincent Peillon voulant, après Ferdinand Buisson et J.-J. Rousseau, créer une religion républicaine, malgré les échecs récents, retentissants et sanglants de l’Empire communiste.
Il faut désormais prendre en compte les conséquences des faits/objets naissant de la recherche scientifique, comme l’a compris le CNRS récemment, en souhaitant que la science sorte de ses labos, observatoires, confinements, cabinets et cuisines diverses et se projette publiquement et à ‘très grande échelle’.