Cela paraît tellement surréaliste que nous ne ferons ici qu’un éditorial très court. Dans la pleine suite de sa politique, la ministre de la Culture Françoise Nyssen vient de lancer une consultation sur les archives, ce qu’on doit conserver et pour quel usage.
Ainsi, le grand public, dont 90% n’a pas la moindre idée du rôle des archives dans la recherche et la fabrique de l’histoire (et de l’histoire de l’art) ni de pourquoi et comment elles doivent être conservées (ce n’est pas une critique, c’est même tout à fait normal, ce n’est pas leur métier) va pouvoir s’exprimer en répondant à des questions telles que :
Parmi les documents d’archives que vous connaissez, lesquels vous semblent les plus importants pour l’histoire ?
Quel(s) type(s) d’information voulez-vous voir conserver pour les générations futures ?
Parmi les documents d’archives que vous connaissez, quels sont ceux auxquels les archivistes devraient accorder davantage d’importance ?
Parmi les documents d’archives que vous connaissez, y en a-t-il pour lesquels vous ne comprenez pas les raisons pour lesquelles les archivistes les collectent ?
La place laissée à l’usager dans les décisions relatives au choix de la durée d’utilité administrative et du sort final est-elle adaptée/suffisante ? (…)
Le plan de la ministre de la Culture Françoise Nyssen pour lutter contre les déserts culturels s’attire les foudres des Centres dramatiques nationaux, qui se sont joints aux critiques croissantes contre l’action de la ministre à qui le gouvernement maintient sa confiance.
Dans une tribune sur le site de Libération, l’association des Centres dramatiques nationaux s’en est pris lundi soir au plan “Culture près de chez vous”, projet phare de la ministre en faveur d’une plus grande accessibilité à la culture. Ils le jugent “inconséquent” et y voient “du mépris pour l’ensemble des acteurs culturels”.(…)
Le plan présenté fin mars doit mobiliser 6,5 millions d’euros en 2018 avec l’objectif d’atteindre 10 millions en 2022 et ambitionne notamment de donner à voir les productions de la Comédie-Française dans les régions isolées (alors que cette dernière fait déjà des tournées en province) ou de faire circuler les chefs-d’œuvre des collections nationales.
“Demander aux établissements nationaux parisiens de rayonner davantage dans nos campagnes et autres zones blanches (…) relève au mieux d’une méconnaissance totale de la situation, au pire d’une irresponsabilité politique et d’un mépris pour l’ensemble des acteurs culturels”, estiment les Centres dramatiques nationaux, dénonçant le “centralisme” de la démarche et le “saupoudrage” de moyens.