Il y a peu de temps encore, avoir une méduse chez soi était affaire de spécialistes de la faune d’eau salée : pour se procurer les bébêtes, il fallait les pêcher en mer, puis recréer un milieu chimico-organique le plus proche possible de leur milieu de vie et, enfin, les nourrir plusieurs fois par jour avec du plancton vivant, bien sûr élevé à domicile ! Aujourd’hui, des sociétés, basées en France et en Europe « cultivent » certains spécimens pour la vente aux particuliers, nous facilitant la tâche à l’extrême ou, du moins, autant que faire se peut !
Les méduses Aurélia ou méduses Lune sont les plus communes dans nos aquariums de par leur caractère rustique. Translucides, légèrement bleutées, elles changent de couleur avec la luminosité ambiante. À moins d’y être allergique, l’homme n’est pas sensible à leur venin et peut les manipuler à mains nues, ce qui n’est somme toute pas conseillé.
Techniquement, ce machin gluant, judicieusement nommé jellyfish par nos voisins anglais, est composé de 98 % d’eau, d’un peu de collagène et d’un système digestif ultra-minimaliste. Ne cherchez guère de système nerveux central ou de cerveau : notre amie gélatineuse en est totalement dépourvue. En matière d’animal de compagnie, on a déjà fait mieux !
De plus, n’ayant ni squelette ni carapace, la bestiole s’avère aussi très fragile. Elle doit donc être manipulée avec une extrême délicatesse, et des gants ! C’est aussi pour cela qu’elle possède des filaments urticants, qui sont son seul moyen de défense et d’attaque.
Les méduses ne peuvent pas être hébergées dans des aquariums classiques, sous peine d’être happées par le système de filtration de l’eau d’une part, ou de rester coincées dans les angles de l’autre ! En effet, en contractant leur ombelle pour en faire sortir l’eau, elles créent certes des mouvements gracieux et relaxants, mais elles remuent également sans nager, et se laissent porter d’un endroit à l’autre par le courant. Il faut donc un bocal sans coins, muni d’un système produisant un courant continu pour que les méduses puissent se tenir en suspension, avec une filtration protégée. On trouve maintenant ce type de contenant équipé de matériel adéquat sur internet et dans les boutiques spécialisés en aquariophilie et eau salée.
Un réservoir pour méduses s’avère plus facile à entretenir qu’un aquarium d’eau salée standard. Il suffira de filtrer de l’eau du robinet et de rajouter du sel spécial Jellyfish. Vous changerez ensuite un quart de l’eau deux fois par mois, en veillant à nettoyer régulièrement les parois du bocal pour éviter la prolifération des algues.
Toutes les méduses sont carnivores et se nourrissent de zooplancton, minuscules crustacés ou crevette de saumure, voire de petits alevins de poissons pour les plus grosses d’entre elles. Sachant que dans la nature, elles peuvent manger jusqu’à six fois leur poids par jour – soit l’équivalent d’une vache pour un homme –, autant dire que les nourrir à plusieurs reprises dans la même journée ne sera pas un luxe. Exception intéressante, l’Aurélia se contentera pour sa part de 3 ou 4 repas par semaine, ce qui est quand même plus pratique. Notons aussi que la nourriture des méduses doit être vivante : le zooplancton mort et inerte tomberait au fond du bocal empêchant ainsi notre indolent mollusque de le récupérer. Il faut donc se fournir en crevettes de saumure dans les magasins spécialisés. Elles ne coûtent pas très cher et peuvent se conserver plus d’une semaine au réfrigérateur. Il existe aussi, en dépannage, de la pâte à plancton, moins fraiche, mais très pratique en cas de courte absence.