A la suite de ce que l’on peut qualifier de « défaillance » ou de « dysfonctionnement », le sérieux de l’Institut Pasteur – fondation française privée à but non lucratif qui se consacre à l’étude de la biologie, des micro-organismes, des maladies, des virus et des vaccins – et de ses chercheurs en prennent un sérieux coup dans l’éprouvette.
Le « dysfonctionnement », la « négligence » en question : une histoire de virus qualifié de mortel qui s’est baladé dans la nature sans aucune précaution ou presque. D’où l’ouverture d’une enquête préliminaire contre l’Institut Pasteur.
L’affaire, révélée par Le Parisien, remonte au 11 octobre 2015.
Ce jour-là, de retour de Corée du Sud, une chercheuse coréenne de l’Institut transporte avec elle, dans l’avion qui la ramène en France, trois tubes d’échantillons de virus – des souches mortelles du virus Mers-Coronavirus, hautement pathogène, découvert en 2012 au Moyen-Orient, un « mistigri » qui résiste aux défenses immunitaires pour engendrer une pneumonie aiguë sévère pouvant entraîner la mort – en toute clandestinité et, surtout, en dépit de toutes règles sanitaires : les souches étaient contenues dans une petite boîte de produits cosmétiques dans les bagages de la chercheuse. Une fois dans les locaux de l’Institut, les échantillons ont été négligemment posés sur une étagère, où ils sont restés plusieurs jours, sans aucune précaution, à la portée d’une maladresse ou de n’importe qui.
Sans précaution mais également sans avoir été déclarés à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANS). Fait aggravant, lesdits échantillons auraient ensuite été détruits par l’Institut Pasteur, mais toujours sans prévenir l’ANSM. Ce n’est qu’un an après les faits, à la faveur d’une fuite dans la presse coréenne, que le pot aux roses a été découvert et qu’une enquête préliminaire a été ouverte (le 19 décembre 2016) en France.
Auditionné lundi, Christian Bréchot, directeur de l’Institut, a affirmé que les virus avaient subi un traitement d’inactivation et qu’ils ne présentaient aucun risque pour la population (à noter que la chercheuse convoyeuse, qui devait être entendue jeudi, ne s’est pas rendue à la convocation par crainte d’une possible mise en garde à vue). Une affirmation aujourd’hui invérifiable et à moitié rassurante…
Pierre Malpouge – Présent