Le documentaire ne date pas d’hier. Pourtant, depuis sa première projection le 25 août 2012, il n’en finit pas de faire couler de l’encre et l’élection de Donald Trump l’a de nouveau propulsé sur le devant de la scène. Car son auteur principal, l’économiste Peter Navarro, a été nommé par Trump directeur du commerce et de la politique industrielle à la Maison Blanche. « Death by China » est basé sur le livre éponyme qu’il a co-écrit avec Greg Autry, en 2011. Il tente d’alerter sur l’échéancier économique dangereux des Etats-Unis engagés dans une politique commerciale suicidaire avec une Chine ouvertement communiste : politique qui a tué l’industrie manufacturière américaine et pourrait faire beaucoup plus…
« Réveil lucide » ou « hystérie xénophobe », les critiques ont été plurielles… reste que « Death by China » a été largement primé et qu’il a été, pendant trois ans, l’un des films documentaires les plus populaires sur Netflix – il a été mis, depuis, en libre accès sur YouTube.
Un couteau de chasse « Made in China » qui fait jaillir une mare de sang du drapeau américain… c’est la première image du documentaire. Une allégorie très choc, très « outre-Atlantique », mais qui résume le cri du film – car c’est un cri.
Une grave menace pèse sur l’Amérique, une menace qui peut avoir des conséquences catastrophiques sur les plans militaire, économique, politique : et cette menace, c’est la « relation commerciale » établie entre les États-Unis et la Chine depuis 2001. Comme le note un article du NewAmerican : « un pacte suicidaire conçu par des intrigants globalistes à Washington DC et New York et par des intrigants communistes chinois dévorés par le pouvoir. » Car les deux peuvent fort bien s’entendre…
Les Etats-Unis ont perdu la majeure partie de leur base de production. Et c’est assurément, selon Peter Navarro, l’un des « problèmes les plus urgents de l’Amérique ».
« La plus grande escroquerie politique de l’histoire économique américaine », Navarro
Très aisé à suivre, le film présente moult interviews d’experts, d’hommes d’affaires, de directeurs, mais aussi de travailleurs, de quidam alpagués dans la rue, consommateurs – comme nous tous – de produits « made in China ». Photos d’usines fermées, vidées… des travailleurs américains contraints de dévisser leurs propres machines afin qu’elles soient expédiées en Chine, certains même obligés de former leurs propres successeurs chinois… Beaucoup de politiques témoignent de cette désertion économique cinglante, de cette crise humaine qui touche tous les Etats.
Le Républicain Chris Smith, représentant du New Jersey, raconte : « Nous avons vu toute notre base de fabrication se déraciner et se réinstaller dans un endroit où vous pouvez commettre des crimes contre les travailleurs et sortir dîner tranquille le soir venu »… L’industrie locale des États-Unis a bel et bien disparu – et tous ses acteurs avec.
Le régime chinois manipule ouvertement sa monnaie, outil majeur dans sa guerre commerciale avec les Etats-Unis, maintenant en dépit des accords internationaux un taux réduit du yuan par rapport au dollar. Et c’est sans parler de l’usage intensif de la contrefaçon et du piratage qui porte une concurrence plus que déloyale aux industries étrangères.
Tout ou presque vient du geste de Bill Clinton et du Congrès républicain, en 2001, lorsqu’ils ont appuyé l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce, cette puissante institution transnationale qui tend à définir une politique mondiale en la matière, sur la base du sacro-saint principe du libre-échange. Sauf qu’en l’occurrence, il était question d’une dictature qui n’a jamais respecté, ni ses propres travailleurs, ni a fortiori ceux des autres pays… mais ça ne gênait apparemment pas.
Et cet événement central de 2001 a brutalement donné à l’Empire du Milieu un accès total aux marchés américains. Depuis cette décision, ce sont 57.000 usines aux Etats-Unis qui ont été fermées, dont beaucoup se sont installées en Chine. Et plus de 25 millions d’Américains se sont retrouvés incapables de regagner un emploi décent, explique le film. La dette du pays a atteint très vite des sommets : elle devait déjà, en 2012, plus de trois billions au puissant régime totalitaire, soit trois mille milliards de dollars…
Et ça, explique Peter Navarro, c’est parce que les grandes multinationales américaines le voulaient bien, et même le souhaitaient – ce sont elles, entre autres, qui ont fait du lobbying pour que l’accord se fasse en 2001. Des sociétés comme Apple, Boeing, Caterpillar ou GE en ont profité pour délocaliser – comme d’autres en Europe – et s’enrichissent largement, explique l’économiste Alan Tonelson, sur les subventions d’exportation illégales que leur fournit la Chine. Un argent de lobbying qui sert en partie d’argent électoral au moment voulu…
Le film n’oublie pas le fait que nous parlons, qui plus est, d’un pays communiste, dictatorial, aux antipodes des « valeurs » occidentales que l’Amérique prétend défendre. On sait ce qu’il en est des conditions de vie des travailleurs chinois, ou de celle des dissidents trop bavards qui croupissent dans les geôles marxistes : on envahit des pays « nocifs » et on traite avec bien pire. « Death by China » souligne le danger sécuritaire et militaire que représente aussi cette puissance en expansion qui pille notre technologie.
Et à tous ceux qui l’accusent de « protectionniste », injure suprême dans notre économie globalisante, Peter Navarro répond avec justesse que « le plus grand protectionniste dans le monde est maintenant la Chine ». Retrouver et garder une économie manufacturière sur notre sol, favoriser le « Made in America » ne serait qu’une « auto-défense contre un partenaire commercial très mercantile » et une condition de survie globale du pays.
Et Donald Trump n’y est certes pas insensible. « « La mort par la Chine » touche juste, a t-il déclaré en décembre. Je vous exhorte à le voir. » Et aussitôt dit, il nomma son propre auteur, Peter Navarro, directeur de son nouveau Conseil national de commerce, un « économiste visionnaire » qui inaugure le tout premier bureau dédié à l’industrie manufacturière à l’intérieur de la Maison Blanche. Trump veut voir refleurir les usines sur le territoire américain.
Détail qui peut surprendre : l’économiste Peter Navarro est, à la base, démocrate, et le narrateur du documentaire, Martin Sheen, l’est encore davantage, prêchant le pacifisme et l’écologie – il avait même appelé à voter contre Trump ! Mais rappelons-nous que le Congrès qui a entériné l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001, était, lui, républicain…
Le mondialisme n’a que faire des étiquettes.