Je ne parle pas ourdou (« Ma urdu nahi bolta »). Mais c’est, il faut bien le dire, que j’y mets de la mauvaise volonté. Parce que si j’avais besoin de traducteurs et de professeurs de cette langue pratiquée en Inde et au Pakistan bien plus que dans nos provinces françaises (à qui on cherche parfois des noises quand elles veulent enseigner leurs langues régionales), je n’aurais que l’embarras du choix. Et j’en trouverais facilement plusieurs à Paris, au Blanc-Mesnil, à Villeneuve-Saint-Georges, etc.
Dans le même esprit, on peut trouver des traducteurs et des professeurs de pendjabi, d’hindi, de bengali, de tchétchène, d’azeri et de thaï. Et pas seulement à l’Ecole des langues orientales, mais dans les officines de la Compagnie des experts traducteurs et interprètes en exercice.
Un engouement exotique de la part de Français qui auraient passé ou voudraient passer des vacances au Pendjab, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh, en Azerbaïdjan ou en Thaïlande (où, dans les stations de bords de mer, aujourd’hui, on parle plus l’arabe des banlieues que le thaï) ? Pas vraiment.
Alors quoi ? Alors, cela veut dire qu’il y a suffisamment sur notre sol de ressortissants (« migrants », « réfugiés », clandestins) de ces contrées lointaines pour justifier de la nécessité d’avoir des locuteurs de ces langues. Situation paradoxale dans la mesure où la France n’a aucun lien historique avec ces pays. Mais qui sont ces Bengalis qui viennent manger le pain de nos Arabes ?
A ces langues et dialectes asiatiques, il faut ajouter des langues et des dialectes africains (dont un que je maîtrise, le swahili) : fon, yoruba, soudanais, tchadien, soninké, bambara, sarakolé, dioula, diakhanké, lingala, tshibula, wolof, peul, poular, etc. Si ça vous dit, je tiens à votre disposition des adresses à Paris, Vincennes, L’Haÿ-les-Roses, Epinay-sur-Seine, etc.
Comme on dit en swahili, kitatosha (« ça suffit comme ça »). Et aussi, en hausa, hadiri ya soma tasowa (« la tempête commence à se lever »). Ce que je tempérerai d’un conseil en lingala : kuzula na nkanda te (« ne te mets pas en colère »).
Dans le même temps, on s’affaire à émasculer notre orthographe et on s’étonne que l’intégration et l’assimilation de ces peuples débarqués de partout, parce qu’on leur a dit qu’en France, sans travailler, ils gagneraient plus qu’en trimant comme des bêtes at home, ne fonctionnent pas…
Nta mulimo mfite, jya gushaku ahandi ! (« Je n’ai plus de travail, va chercher ailleurs ! »). Comme on dit en kinyarwandais.
Alain Sanders- Présent