Les ombres d’un président de François Bazin

Dans «Les ombres d’un président», un essai sévère mais lucide du quinquennat de François Hollande, le journaliste François Bazin tente de comprendre comment l’actuel chef de l’Etat a pu gaspiller ses deux premières années. L’auteur estime que seule la chance –et il en a beaucoup eu par le passé– peut lui permettre de l’emporter en 2017.
François Hollande a bien failli disparaître des radars de la politique. Pour François Bazin, l’auteur de cet «essai de compréhension» sur le septième monarque de la Vème République, la messe semblait presque dite, jusqu’aux événements de «Charlie Hebdo», qui ont redistribué les cartes. Mais au fond, la thèse centrale de son ouvrage reste inchangée : François Hollande a gaspillé la moitié de son mandat et continue de «payer la facture d’une paresse intellectuelle».
La démonstration de François Bazin, qui figure parmi les journalistes qui connaissent le mieux François Hollande, est sévère mais argumentée. Il puise dans le registre historique et psychologique pour donner des clés sur ce président si mystérieux. A ce stade du mandat du successeur de Nicolas Sarkozy, cet opus de 165 pages est probablement le plus lucide sur la trajectoire, façon zigzag, suivie depuis 2012.

L’ancien journaliste du «Nouvel Observateur» lâche quelques phrases très cruelles sur le chef de l’Etat dont il a scruté le parcours politique depuis de longues années. La présidentielle de 2012? «François Hollande n’a pas conquis le coeur des Français». Sa campagne? «Il a mené la plus longue et la plus terne de toutes les campagnes victorieuses sous la Vème République.» Ses premiers mois à l’Elysée? «François Hollande est resté égal à lui-même. Et c’est bien là le problème. Ni orage, ni grand soleil. Un peu de pluie déjà». L’inversion de la courbe du chômage? «L’histoire de la courbe est d’un hollandais chimiquement pur. C’est une manière de renvoyer à plus tard les effets attendus d’une politique qui peine à convaincre.» Son socialisme? «La vérité de François Hollande n’est pas du côté de Mollet, Blum ou Jaurès. Elle est quelque part du côté de ces républicains de progrès et de gouvernement qui s’appelaient Mendès-France ou Faure, Herriot ou Painlevé, Bourgeois ou Ferry». Sa vie conjugale? «François Hollande avait donc deux maitresses – l’officielle, l’autre officieuse. Tout cela dit l’époque.»

 A l’arrivée, l’auteur n’enterre pas totalement François Hollande car cet homme politique a, selon lui, de la chance. Personne n’a oublié l’élimination de DSK après son arrestation à New York qui a catapulté la candidature de Hollande vers son destin élyséen. Mais l’actuel Président, en bon observateur de François Mitterrand, possède aussi l’art de «gérer le temps». La bataille de 2017 se jouera donc «sur un coup de dés», estime l’auteur. Ce livre d’analyse tombe à pic pour essayer de comprendre comment Hollande va tenter de renverser la vapeur au seuil des deux dernières années de son quinquennat. Deux années qui vont débuter par une deuxième grosse claque électorale. Cela n’empêche pas François Bazin d’envisager cette victoire sur un «coup de dés». Une possibilité typiquement hollandaise.

«Les ombres d’un président» de François Bazin, éditions Plon, 165 pages, 14,90 euros.

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