Récemment, dans la perspective du synode sur la famille qui se tiendra en octobre, plus de 100.000 catholiques ont signé un message au Pape pour défendre la vision catholique de la famille. A-t-elle vraiment besoin d’être défendue ? La situation, serait-elle aussi grave ?
Nous en avons parlé à Guillaume de Thieulloy, écrivain, docteur en études politiques, directeur de publication de Nouvelles de France et de L’Observatoire de la christianophobie. « Il y a des lobbies qui sont antifamiliaux par essence, notamment, les lobbies LGBT et féministes, mais il y a aussi des lobbies marchands qui ne souhaitent pas qu’il y ait la moindre entrave au marché intégral. Autant je suis favorable à l’économie de marché, autant je suis extrêmement défavorable à la société de marché où l’homme n’est qu’une marchandise. Par exemple, les mères porteuses constituent une forme de commercialisation de la femme et des enfants, ce qui me semble inadmissible. Je pense que les lobbies marchands s’allient avec les lobbies antifamiliaux pour ce genre de propagande. »
Les lobbies antifamiliaux et marchands visent, à terme, à élever un « homo economicus » dont la vie est en conformité parfaite avec les lois de l’économie marchande. « Il y a un certain nombre de grandes multinationales qui veulent absolument que tous les êtres humains soient interchangeables et ne soient que des pions sur l’échiquier de la consommation et de la production, continue Guillaume de Thieulloy. Tous ces intérêts convergent pour s’attaquer au dernier rempart non-marchand de la société. La famille est le dernier endroit où il y a des échanges gratuits fondés sur une autre relation que le « donnant — donnant », que la rémunération. Pour nous, il est fondamental que la société laisse la place à des échanges non-marchands parce que sinon, l’homme n’est qu’une marchandise. »
Au début des années 2000, les experts internationaux ont fermement condamné la politique antifamiliale craignant que « vers 2050, il n’y aurait aucune famille, aucune société et donc aucun Etat. Le XXIie siècle est le premier siècle qui voit la population mondiale diminuer ». Guillaume de Thieulloy partage ce pronostic alarmant bien qu’il lui paraisse anticipé. « Je crois qu’il y a une certaine inertie dans la hausse de la population mondiale, mais de ce fait, en tout cas en Occident, pour la première fois dans l’histoire, on va assister à une baisse de la population en temps de paix et de prospérité (en dehors de grands cataclysmes). A terme, c’est suicidaire. C’est-à-dire qu’une société où il n’y a plus que de vieillards, plus d’enfants, plus d’énergie, etc., c’est extrêmement inquiétant.
Le synode sur la famille qui se tiendra en octobre prochain va rappeler les principes généraux de la doctrine catholique sur la famille. De ce fait, il va marquer un coup d’arrêt aux rêveries actuelles, selon lesquelles le Pape devrait soutenir, par exemple, les unions homosexuelles. Donc, de ce point de vue-là, ce synode sera utile. Cependant, je ne pense pas que ce soit révolutionnaire et, heureusement, on n’apprendra rien sur la doctrine catholique. »
La famille, cette arche de salut de la société occidentale, se transforme aujourd’hui en un moyen de lutte asymétrique. Cette guerre repose sur différentes stratégies qui frappent directement ou indirectement sur tous les fronts. En voici quelques-unes.
La composante militaire est la plus évidente: les djihadistes présentent une menace réelle à la société occidentale, leur présence en Europe étend les frontières de leur « guerre sainte » du Proche-Orient au monde entier. L’Ukraine est pour le moment une menace indirecte.
Il y a également une dimension géographique avec les différentes organisations internationales, supranationales, indépendantes, dont nous tous faisons partie.
Vient ensuite l’aspect économique caractérisé majoritairement par une crise prolongée en Europe. On le voit également avec l’hégémonie du dollar qui, depuis 1971, n’est plus indexé sur l’or. Cette composante touche au volet culturel et social: le nouveau « homo economicus », symbole de la société de consommation, et le vieillissement artificiel de la population.
La dimension socio-culturelle semble la plus dangereuse. Les lobbies antifamiliaux, les réformes de l’éducation et autres, détruisent petit-à-petit le monde multiculturel, effacent l’identité des gens en les rendant indifférents et manipulables, en les transformant en zombies économiques. Détruire la famille signifie détruire la base de la société et, par conséquent, détruire la société elle-même.
A regarder plus attentivement les facteurs que nous venons d’évoquer (en réalité, il y en a beaucoup plus), on peut conclure que le but de cette guerre asymétrique est de détruire les sociétés actuelles: occidentale, russe etc. Résultat: le plus probablement, il n’y aurait pas de sociétés ni de pays tels que nous les voyons aujourd’hui, mais un seul Etat mondial dont le territoire correspondrait à celui du globe. La question qui se pose alors: qui a déclenché la guerre asymétrique et qui tirera profit de cette mondialisation perverse?