Motets royaux

 

Par Lou Barrous

Menés par François-Xavier Lacroux, les Chantres de Saint-Hilaire dévoilent peu à peu les œuvres du « premier baroque français » et ses compositeurs.

Qui connaît Eustache Du Caurroy ? Un historien le considérait comme « un des maîtres de la musique française ». Sa Messe pour les défunts (à cinq voix) fut donnée aux obsèques d’Henri IV et à celles de Louis XIII. Et Nicolas Formé, Jehan Veillot, Thomas Gobert ? « Tous ces sous-maîtres de chapelle des rois de France ont imposé finalement le style français que leurs successeurs sublimeront », écrit François-Xavier Lacroux. Leurs motets, par leur technique polyphonique et leur sacralité, laissent présager ceux des Charpentier, Lalande, Couperin.

Le motet est une pièce sacrée chantée et accompagnée qui solennise les offices. En général, sur un texte latin. Ainsi des hymnes de saint Thomas d’Aquin se trouvent revêtues d’habits baroques, Adoro te devote par Pierre Robert, et Sacris solemnis par Jehan Veillot, avec sa longue introduction instrumentale qui prépare un chant magnifique.

Thomas Gobert, lui, traite en motets des psaumes en français, textes relevant de la paraphrase plus que de la traduction littérale, de l’aveu même de leur auteur, Antoine Godeau. Musique et texte, est-il utile de le préciser, fort éloignés de tout ce qu’aura produit Vatican II. Car si Vatican II prôna la « simplicité », il ne la trouva jamais – à croire qu’il ne le voulait pas ! Gobert démontre qu’une certaine déclamation, une certaine complexité ne sont pas incompatibles avec la simplicité lorsqu’elles concourent à l’établir. Nicolas Formé, avec sa messe Musica simplex quatuor vocum atteint, comme annoncé dans le titre, cette simplicité qui sied à la liturgie. La technique vocale apparente cette messe au motet.

François-Xavier Lacroux souhaite que cette musique hautement sacrée « nourrisse » le public autant qu’elle a nourri ceux qui s’en sont faits les interprètes. Qu’il n’ait aucune inquiétude à ce sujet.

 

• Les Chantres de Saint-Hilaire, Motets à la cour du Roy. Triton.

• www.chantres-de-st-hilaire.com

Lu dans Présent

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