L’inacceptable instrumentalisation du Pape à des fins commerciales !

« Aucun rapport avec les récents épisodes d’hostilité survenus contre le Pape et le Vatican », assure le Saint-Siège en annonçant sa décision de « lutter contre l’utilisation commerciale illégale des images du Saint-Père et du Saint-Siège et leur instrumentalisation ». Quinze jours après une campagne d’affiches anonymes contre le souverain pontife et sa politique de réforme, et l’envoi à des cardinaux, une semaine plus tard, d’un faux numéro de l’Osservatore Romano – avec des articles très critiques contre lui – la Secrétairerie d’État affirme que sa décision entre dans le cadre « d’une démarche entreprise depuis quelques temps » pour mettre fin « aux situations d’illégalité » constatées au plan commercial notamment.

En 2009, rapporte l’agence I-Media, un avertissement similaire du Saint-Siège visait des initiatives arborant sans autorisation le blason du Saint-Siège, ainsi que des fondations ayant pris le nom de Benoît XVI, sans avoir sollicité au préalable l’accord des autorités compétentes.

Dorénavant surveillance systématique

Tout de même, à quelques semaines de ces deux derniers épisodes, le Vatican hausse visiblement le ton : l’image du Souverain Pontife ne saurait être instrumentalisée. La Secrétairerie d’État, responsable des insignes officiels du Saint-Siège, souligne dans un communiqué, paru le 22 février, que l’une de ses attributions est de « protéger » l’image du Pape « afin que son message arrive intact jusqu’aux fidèles et qu’il n’y ait pas d’instrumentalisation de sa personne. Pour donner plus d’efficacité à son action, le Saint-Siège a annoncé la mise en place d’un système de « surveillance systématique » qui permettra, le cas échéant, d’intervenir « par des mesures appropriées ».

Les marchés s’emballent

Faux chapelets, fausses bénédictions, faux billets d’entrée, faux discours… Il faut dire que depuis 2013 – l’année de l’élection du pape François – ça n’arrête pas ! Fidèles et pèlerins sont d’ailleurs mis en garde ponctuellement. Tout a pratiquement commencé avec la Misericordine, « le médicament spirituel » offert aux pèlerins par le Pape à la fin de l’année de la foi, en 2013, et en 2016 à la fin du jubilé de la miséricorde. À chaque fois, très vite, une contrefaçon de la boîte contenant un chapelet a envahi sous divers noms le marché des objets religieux à Rome, puis dans toute l’Italie et en dehors des frontières, grâce à Internet.

Mais les premières alertes sérieuses remontent à 2015, dès l’ouverture du jubilé de la miséricorde. Souvenir parfait pour le pèlerin : une bénédiction apostolique personnalisée sur parchemin avec dessus les emblèmes et des photos du pape François donnant sa bénédiction. Après la découverte du « honteux marché », un plan d’action a aussitôt été mis en place – le plan « Jubilaeum » – qui a permis de mettre la main sur plus de 3 500 bénédictions et de stopper net leur circulation. En 2016, les alertes prennent un tournant inquiétant. Les réseaux sociaux abondent de phrases, réflexions, déclarations et prières du pape François. Mais voilà, elles n’ont pas été dites par lui, mettait en garde le Sismografo.

C’est alors que la police italienne et la gendarmerie du Vatican ont commencé à s’en mêler et à lancer des enquêtes. Le Pape aussi s’en est mêlé, en janvier dernier, rappelant avec insistance aux pèlerins que les billets d’entrée aux audiences générales étaient « entièrement gratuits ». « C’est gratuit, ici on vient sans payer », a redit le Pape en brandissant l’exemplaire du billet rouge, « parce qu’ici c’est la maison de tous ». « Et celui qui se fait payer pour vous faire entrer commet un délit, comme un délinquant. Cela ne se fait pas ».

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