Après Marine au Liban, Marine en Algérie?

Les « colonisés de tous les pays » peuvent-ils maintenant se parler, alors qu’un nouveau cycle mondial du maître et de l’esclave se dessine depuis une génération ? C’est ce que laisse espérer l’article de R. Mahmoudi (« La candidate de l’extrême droite française Marine Le Pen se rendrait-elle en Algérie ? ») paru le 21 février sur le site Algérie patriotique. L’article, très critique au départ, évoque les récents commentaires de la candidate sur les propos algériens de monsieur Emmanuel Macron et dit tout le mal d’usage de son père. Mais le journaliste pense que, suite à son voyage au Liban, la question d’une visite de Marine Le Pen en Algérie mérite d’être posée « même si la chose paraît difficile à imaginer dans la conjoncture actuelle ».

Pourquoi une telle visite ?

D’un côté, « ce serait justement l’occasion, pour elle, de revoir sa position, de s’aligner sur la nouvelle perception qui se dessine chez les jeunes leaders politiques français et d’effacer cette image diabolisée à outrance qu’elle véhicule, eu égard à ses idées stéréotypées sur l’immigration, l’intégration et, plus globalement, sur les questions relatives à l’identité et à la citoyenneté ». Une « macronisation » globaliste de Marine ?

Peut-être pas, car « les postures idéologiques de son parti, le Front national, sur la mondialisation, l’impérialisme, l’islam politique le rapprochent naturellement des pays du Tiers-Monde et plus particulièrement des pays de la sphère arabo-islamique ».

Realpolitik…
L’auteur ajoute : « Ce serait le moment pour Marine Le Pen de briser un tabou et de prouver sa capacité à surmonter ses propres atavismes et à diriger ainsi un État qui entretient des relations, particulières, mais denses, avec l’Algérie et qui est, en tous les cas, condamné à accepter des compromis, y compris sur la question d’histoire, pour les améliorer ». Tout est dans la nuance…

Et d’ajouter : « […] Il se trouve que le Liban et l’Algérie ont en commun une position généralement neutre dans les conflits actuels, et plutôt hostiles à l’ingérence étrangère », poursuivant plus loin « Marine Le Pen, qui a été reçue à Beyrouth successivement par le président chrétien, Michel Aoun, et le Premier ministre sunnite pro-saoudien, Rafic Hariri, ne s’est pas gênée de provoquer l’ire de ce dernier et aussi des médias parisiens, en s’attaquant au “terrorisme islamiste” et, surtout, en soutenant que le maintien de Bachar Al-Assad au pouvoir était “une solution rassurante” ». Point de convergence…

Les nations européennes, sentant venir leur mort démographique, réalisent soudain qu’elles sont elles-mêmes victimes d’une occupation coloniale d’un nouveau genre : celle du turbo-capitalisme absolu, cause-de-tout et cause-de-soi, irresponsable, imputable de rien et négateur de toute forme d’identité. Pas de religion, pas de nation, pas de culture, en somme… Les alliés sont donc bienvenus.

L’Algérie oscille elle-même délicatement entre arabité, islam et nationalisme. Or, la récente crise américaine autant que la poussée du souverainisme eurasiatique nous rappellent que 2017 entrouvre la porte d’un « nouvel ordre mondial » : celui du retour des empires, en hibernation depuis 1917. Toute crise représente une occasion… à ne pas manquer.

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