© JBL/ Les Enquêtes du contribuable
Monsieur le Maire,
Je vous écris une lettre que vous lirez peut-être si vous en avez le temps…
Car municipales obligent, nous vous retrouvons à concourir, de nouveau, sur les marchés, dans une partie de « serre paluches » effrénée dont vous avez le secret ; sourires de circonstance et prise de calories garantis !
Mais, au fait, Monsieur le (futur) Maire, connaissez-vous réellement votre commune (je ne m’adresse pas aux « parachutés »!) ? Etes-vous certain de ne pas vous tromper, de ne pas confondre avec la ville voisine ?
Si je vous pose cette question légèrement incongrue, c’est que, petit à petit, nos cités sont en train de toutes se ressembler, de s’uniformiser, de se diluer… à tel point que même le plus performant des GPS n’y suffirait pas pour s’y retrouver.
Nous serons donc bientôt tous logés à la même enseigne : un centre commercial par-ci, un kebab par-là… sans oublier l’inévitable sushi (il y a du sushi à se faire !), l’épicier du coin qui a remplacé le bougnat d’antan, le gérant du PMU qui a puisé son eau pour le pastis sur les rives du Yang-Tsé-Kiang…
Le cosmopolitisme, tant revendiqué par nombre de nos édiles, à défaut d’un utopique « united colors », repeint de gris nos agglomérations ; la ville-monde est en marche, le fameux « sens de l’Histoire ».
Certes, Monsieur le Maire, vous allez judicieusement faire remarquer à l’esprit d’administré chagrin que je suis que votre situation est délicate dans un contexte économique morose et mettre en avant vos belles réalisations ; grosso modo à peu près les mêmes que votre confrère de la ville voisine : un centre culturel Louis Aragon (ou Nelson Mandela, au choix), reconnaissable à sa structure de béton et de verre, où se produit tout ce que l’avant-garde théâtrale et hermétique peut compter, sans parler de l’incontournable festival de hip-hop (le fameux « vivre ensemble »).
Un rond-point Obama…oui un rond-point! Indispensable le rond-point…Chaque commune doit posséder son rond-point, c’est ainsi, un passage obligé en quelque sorte.
Un éco-quartier (très tendance) et son lot de mètres carrés de bureaux désespérément vides, mais qui fait marcher le clientélisme.
Des ZUP, des ZAC, des ZEP à n’en plus finir…
Evidemment, Monsieur le Maire, durant votre campagne, vous aurez beau jeu de promettre la main sur le cœur (j’allais dire le portefeuille) aucune augmentation d’impôts ; vœu pieux très vite oublié une fois élu… car comme disait l’autre « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent ».
Eh oui, car au final, c’est nous qui payons… même pour avoir des villes tristes.