Les falsifications historiques du lobby gay…

Par Xavier Mignot

Paradoxe, disent-ils. Grands dieux ! Voir la Russie homophobe accueillir aujourd’hui ces Jeux olympiques pourtant fondés par le plus gay des peuples : la Grèce antique ! D’ailleurs, à voir la délégation grecque arborer si ostensiblement, à Sotchi, des gants aux couleurs de l’arc-en-ciel, on croit comprendre qu’elle se sent l’héritière d’une sorte de destinée gay-friendly, celle d’une nation qui, au nom de l’ancienne Lesbos comme de l’actuelle Mykonos, aurait un rôle naturel à jouer dans la défense des intérêts LGBT.

De même, dans un spot récent,  l’Institut canadien pour la diversité et l’inclusion concluait : « Les JO ont toujours été un peu gay. Battons-nous pour qu’ils le restent. » Au Huffington Post, on met dans un même panier Socrate et Foucault. Les plus malhonnêtes iront peut-être jusqu’à vous citer ces vers de Solon : « Tout homme en ses beaux jours cherche pour s’en éprendre / Un doux éphèbe aux souples flancs, au baiser tendre… », avant d’afficher un sourire satisfait, pensant vous avoir prouvé par A+B que celui-là même à qui nous devons les balbutiements de la démocratie était, bah tiens, lui aussi de la « jaquette flottante ». Et voilà comment l’on pourrait nous faire croire que Solon voterait la GPA !

Cette rhétorique ne mérite qu’un seul nom : celui de falsification historique. Bien sûr, les Grecs avaient des relations homosexuelles ; pourtant, leur homosexualité était non seulement différente de l’homosexualité contemporaine, mais même on ne peut plus antagoniste. Tandis qu’elle est désormais vécue comme une fin en soi, elle était avant tout chez eux une étape, une phase de transition vers l’âge adulte, dépourvue de toute valeur en tant que telle. Comme le dit l’historien Bernard Sergent 1, « l’être de l’adolescent est […] celui d’un non-homme », et dès lors, sa passivité sexuelle n’était organisée que comme une humiliation, un avilissement initiatique qui pût créer une rupture symbolique avec ce qu’il était destiné à être in fine : un homme qui épouserait une femme et procréerait avec elle.

Pour un autre historien, Serge Moscovici 2 (le père du ministre, oui…), il s’agissait même d’« exorcis[er] la part de féminin qu’enferme le masculin » : on n’est pas très loin des « tapette ! » et autres injures populaires… et l’on s’étouffe donc de rire à voir être invoquée, à coups de raccourcis intellectuels, cette pédérastie grecque qui, paradoxalement, tient plus de l’homophobie que de l’homophilie. Contre cette homophobie, nous sommes évidemment tous unis ; mais de grâce, messieurs-dames du lobby gay, à un âge où l’homosexualité constitue une identité sociale oppositive, militante, et se veut même un modèle familial à part entière, ne prenez pas en otages aussi insidieusement ceux-là mêmes qui, les premiers, se désolidariseraient de votre combat.

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