Un député LREM, Agnès Thill, et l’éventuelle tête de liste LR aux élections européennes, François-Xavier Bellamy, sont actuellement en pleine tourmente, ceci pour une raison identique : leurs partis (du moins une fraction non négligeable de leurs dirigeants) leur reprochent d’avoir une conscience, d’avoir, en matière de bioéthique, à titre strictement personnel, exprimé, l’une son opposition à la généralisation de la PMA pour toutes les femmes, l’autre sa défense de la vie et donc son rejet de l’avortement.
Ni l’un ni l’autre ne prétend militer dans son parti pour interdire la PMA aux couples de lesbiennes, ou revenir sur les lois autorisant l’avortement. Mais c’est déjà trop. Ces deux personnes par la seule expression d’une opinion, d’une conviction personnelle en matière de bioéthique, ont franchi une ligne rouge.
Il est devenu interdit – en tout cas dans ces partis – d’avoir ce type d’opinion. Il est donc interdit d’être chrétien et d’être membre de ces partis, ou tout au moins de prétendre y exercer des responsabilités. Et cette interdiction ne vient pas de l’Eglise catholique, d’on ne sait quelle inquisition. Elle vient bien des partis eux-mêmes. Partis qui, pourtant, se présentent volontiers, l’un et l’autre, comme modérés et tolérants, partis du juste milieu, partis libéraux, et même libertaires. Mais soudain cette tolérance, cette modération, ce libéralisme, laissent place à la crispation, à l’exclusion – au propre comme au figuré –, voire à l’injure.
Pour nous qui ne nous définissons pas d’abord comme des modérés, dont la tolérance est réelle mais pas universelle, et qui ne pensons pas que le libéralisme soit bon par essence, dans tous les domaines, et en particulier pour ce qui touche à la famille, aux enfants, à la culture, à l’identité, il est impensable de voter pour des partis capables de maltraiter ainsi leurs militants, sur des thèmes touchant au plus intime des convictions personnelles.
Partis l’un et l’autre libéraux-libertaires
Et en toute hypothèse, si on a bien compris les discours des dirigeants de ces deux partis, et même la ligne de défense des deux personnes incriminées, ces partis ne remettront jamais en cause les lois du marché dans le domaine bioéthique, ne reviendront jamais en arrière sur l’avortement et le mariage des homosexuels, et ne freineront pas l’extension de la PMA et autres mesures de bouleversement de l’écosystème humain.
Peut-être madame Thill ne sera-t-elle pas exclue de LREM ? Peut-être Bellamy, en fin de compte, sera-t-il confirmé comme tête de liste LR ? Mais la vraie nature de ces deux partis aura été révélée par ces affaires. LREM et LR, partis l’un et l’autre libéraux-libertaires, se ressemblent terriblement, et il n’y a rien d’étonnant si Juppé ou Raffarin passent de l’un à l’autre sans état d’âme.
En dernière analyse, à quoi nous font penser LR et LREM ? Paradoxalement au… Parti communiste chinois : nous trouvons en effet la promotion des règles les plus totalement libérales dans les domaines économique, social, public, le développement d’un individualisme forcené, la religion de la consommation, une indifférence aux inégalités les plus indécentes et qui s’accroissent, mais le tout s’accompagnant d’un contrôle toujours plus rigoureux, toujours plus tatillon de la pensée des individus, voire une injonction à renoncer à des opinions personnelles. C’est à l’évidence le meilleur des mondes qu’ils nous préparent.