VSD
Par Patrick Besson
L’actrice Julie Gayet a enfin joué un grand rôle dans un film populaire : la présidence de la République.
Cette ravissante quadragénaire a été aperçue pour la dernière fois au cinéma dans Quai d’Orsay, de Bertrand Tavernier, où elle interprétait, avec sa finesse habituelle, une haute fonctionnaire peste et sexy. On se souvient aussi d’elle dans Les Rois maudits : pas ceux de Claude Barma, ceux de Josée Dayan. Elle était mariée à un roi anglais gay qui finissait mal, si mes souvenirs de téléspectateur sont exacts. Ah ! l’éloge de Maurice Druon par Danièle Sallenave dans le discours de réception de celle-ci à l’Académie française : peut-être le livre le plus drôle de la rentrée littéraire de janvier (Gallimard, 11 euros). La gauchiste du Monde rendant hommage au ministre de la Culture de droite de Pompidou : c’était beau comme du Mozart joué par André Verchuren. Ou encore du André Verchuren joué par Mozart. Ce que j’aime le plus, chez Julie Gayet, c’est qu’elle n’a jamais vraiment percé comme actrice. J’aime les gens qui ne percent jamais vraiment : ils ont plus d’humanitéque les autres. Ils savent aussi qu’une fois qu’on a percé, on a un trou. Dans le coeur. Si on en a un. Nerval : « Les actrices, ces femmes à qui la nature a oublié de fabriquer un coeur. » Mais elle a un coeur, Julie, bien que son papa chirurgien soit un spécialiste du foie. La preuve qu’elle a un coeur : elle est à gauche, comme lui. Depuis l’enfance. Peut-être même a-t-elle participé, adolescente, aux manifs de SOS Racisme. Elle a soutenu Ségolène Royal en 2007, ça n’a pas empêché l’autre de tomber. Julie a-t-elle déjà, à cette occasion, approché François Hollande ? À l’époque, elle était plus blonde et il était plus gros. Se sont-ils plu ? Les futurs biographes de l’un et de l’autre nous renseigneront sur cette importante question.
L’affaire Hollande-Gayet a démodé, d’un coup de scooter, le couple Sarkozy-Bruni. Ce qui compte dans la vie publique, c’est le glamour. François et Julie sont plus « glamoureux » que Nicolas et Carla. D’abord, ils ne sont pas mariés. C’està-dire pas rangés. Donc dérangés. Aux infos, on parle de saga. Émission à succès de Stéphane Bern. On a aussi une Soraya en la personne défaite de Valérie Trierweiler. Chez les Sarkozy, il n’y a qu’une belle-mère italienne et elle est ravie, ce qui n’a pas d’intérêt dramatique. La vitesse avec laquelle la presse a lâché Valérie pour Julie. Même l’hebdo Elle, d’habitude favorable aux femmes trompées. Chacun dans les médias s’empresse de tresser des louanges à la belle bobo qui a pourtant brisé le coeur d’une quadra de gauche. On lui trouve toutes les qualités intellectuelles, morales, physiques. C’est la septième merveille de l’Élysée. Elle arrive même à éclipser Christiane Taubira. Comment lutter contre 1,74 mètre de blondeur souriante ?