Flic ou voyou ! Tour à tour délinquant du genre petite frappe dès l’âge de 12 ans, escroc, voleur, bagnard dans la « chaîne » de Brest, forçat évadé du bagne de Toulon, indicateur et « mouche » au service de la police puis policier et chef de l’officieuse « brigade de sûreté » de la préfecture de police de Paris avant de démissionner et de fonder une agence de détective, Eugène-François Vidocq (1775-1857) a toujours eu une place importante dans l’imaginaire populaire français.
Une notoriété due pour une grande part à la publication de ses Mémoires (enjolivés), aux romans mais aussi et surtout grâce à l’adaptation de ses aventures tant au cinéma qu’à la télévision. Du moins du temps où cette dernière avait encore de la tenue et offrait des feuilletons souvent « historiques » (que l’on qualifierait aujourd’hui de séries) de qualité.
De ces feuilletons « historiques » Vidocq fut l’un des héros, auquel l’excellent Bernard Noël, sous la direction de Marcel Bluwal, prêta ses traits en 1967. En 1971, Claude Brasseur lui succéda dans Les nouvelles aventures de Vidocq, aux côtés notamment de Danièle Lebrun (la baronne de Saint-Gely) et Marc Dudicourt (Flambart).
Au cinéma, Harry Baur fut Vidocq en 1911 dans un film (muet) de Gérard Bourgeois. En 1922, Jean Kemm réalisa un Vidocq avec René Navarre dans le rôle du bagnard. En 1938, Jacques Daroy signe un Vidocq avec André Brulé. En 2001, c’est le réalisateur Pitof qui réalise un désastreux Vidocq interprété par Gérard Depardieu (à noter également, en 2010, un téléfilm, Vidocq, le masque et la plume, avec Bruno Madinier sous la direction d’Alain Choquart).
Aujourd’hui, c’est Jean-François Richet qui nous plonge dans le « ventre de Paris » et au cœur de ses bas-fonds où, sous le règne de Napoléon Ier, François Vidocq (Vincent Cassel) va devenir une légende.
Le film s’ouvre sur l’Arc de triomphe en construction…
Laissé pour mort après sa dernière évasion, Vidocq, l’ex-bagnard, essaye de se faire oublier sous les traits d’un simple commerçant. Mais son passé le rattrape. Accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, il propose alors un marché au chef de la police : en échange de sa liberté, il rejoint la « flicaille » pour combattre les malfaisants de la pègre, milieu de la truanderie qu’il connaît sur le bout des doigts. Les résultats ne se font pas attendre, ce qui lui vaut l’hostilité de ses « collègues » mais aussi la fureur des gangs et de leurs chefs qui mettent sa tête à prix. Désormais, pour l’ex-bagnard, le danger et la mort guettent au détour de chaque coin de rue.
Le « roc » du bagne ! Vengeance, amours, trahisons, bastons : en louvoyant dans les strates d’une époque en ébullition, des égouts parisiens aux demeures de l’Empire en passant par la « racaillerie » des rues et des « cols blancs », Jean-François Richet avait tous les ingrédients pour faire de ce Vidocq une fresque spectaculaire, façon Gangs of New York. Manque de chance : si la reconstitution du Paris de l’Empire et de ses bas-fonds est à la hauteur (tout comme le casting), l’ensemble manque du souffle épique et romanesque qui fait les grands films d’aventures « historiques » et populaires à la française.