Presque dix ans après son exposition controversée au château de Versailles – qui avait au moins le mérite d’être provisoire -, l’artiste américain Jeff Koons prépare un autre mauvais coup à la France. En hommage aux victimes des attentats, il a prévu de frapper Paris en plein cœur. Mais cette fois-ci, aucun semi-remorque ne viendra remballer le cadeau, scellé dans la dalle à jamais.
En effet, le milliardaire a offert à la ville martyre une œuvre d’art géante qui sera installée courant 2017 sur l’esplanade qui sépare le palais de Tokyo et le Musée d’art moderne. Baptisée Bouquet de tulipes, cette sculpture gigantesque, qui pèse 33 tonnes et s’élève à 12 mètres, représente une main ultra-réaliste tenant des tulipes géantes gonflables. « Cette main symbolise l’acte d’offrir », a déclaré la star américaine de l’art contemporain. « L’œuvre a été créée comme un symbole de souvenir, d’optimisme et de rétablissement, afin de surmonter les terribles événements qui ont eu lieu à Paris il y a un an », a assuré Jeff Koons aux côtés d’Anne Hidalgo, ravie de son côté « que cet immense artiste décide d’offrir à la ville de Paris l’idée originale d’une œuvre monumentale, symbolisant la générosité et le partage ».
Généreux, Jeff Koons l’est sans conteste.
En novembre 2013, son œuvre Balloon Dog, qui pesait beaucoup moins, avait été tout de même adjugée 58,4 millions de dollars.
Pour la mairie de Paris, hors de question de refuser cette main providentiellement tendue vers le ciel ni de la soumettre à l’examen des citoyens. L’opération s’est passée sans intermédiaires entre l’ambassadrice des États-Unis et Anne Hidalgo, et sans que personne ne soit consulté. Car il y a certaines bénédictions qu’on ne discute pas.
Pourtant, le cadeau aura un coût. La fabrication et l’installation sont estimées à 3 millions d’euros. Pour les financer, Emmanuelle et Jérôme de Noirmont, anciens marchands parisiens de l’artiste américain, sont chargés de collecter les fonds nécessaires.
En faisant de Paris sa vitrine stratégique, Jeff Koons est au fond le grand gagnant de cette opération, investissant l’esplanade du palais de Tokyo autant que le marché de l’art.
Car Jeff Koons n’a aucun complexe. Aucune retenue. Aucun état d’âme. Puisqu’il prospère autant avec ses ballons colorés qu’un trader avec sa bulle spéculative, il n’hésite pas à bombarder la planète de couleurs criardes en acier et de bons sentiments à prix d’or.
Ni à se comparer aux plus grands. Ainsi sa main parisienne serait-elle « le pendant de celle de la statue de la Liberté à New York », qu’il a d’ailleurs partiellement imitée.
En 1886, Auguste Bartholdi offrait au États-Unis d’Amérique la statue la plus célèbre de l’Histoire, montée en France dans les ateliers de Gustave Eiffel. Cent trente ans plus tard, un imposteur américain fait à la France un cadeau empoisonné pour implanter son nom et faire fructifier sa marque.
Non pas à Disneyland-Paris mais au cœur de la capitale, faisant la nique au bon goût français et à la beauté du monde.