La rencontre entre le président russe, Vladimir Poutine, et le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton, a duré au total 90 minutes, dont la majeure partie en privé, sans micros ni caméras.
Mais si l’on se fie aux premiers instants de ce tête-à-tête qui ont été diffusés en direct à la télévision russe, la méfiance était de mise.
Assis juste en face du conseiller américain le président Poutine s’est permis de jouer aux métaphores avec l’emblème des États-Unis.
« Si ma mémoire est bonne, le symbole des États-Unis est un aigle, qui tient d’un côté 13 flèches et de l’autre un rameau d’olivier, qui représente une politique pacifique et sur lequel se trouvent 13 olives », a lancé le président Poutine en regardant M. Bolton avec le sourire.
Ma question est la suivante : est-ce que votre aigle a déjà picoré toutes les olives et ne reste-t-il que les flèches?”
Toutes les personnes présentes dans la pièce ont éclaté de rire, mais en réalité, la discorde règne entre la Russie et les États-Unis.
La visite de John Bolton en Russie intervient deux jours après la décision de Donald Trump de se retirer du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire conclu avec l’URSS en 1987.
« Je suis ici pour discuter de nos intérêts communs, mais je n’ai pas apporté d’olives », a répondu John Bolton.
Le président russe s’est dit surpris par les mesures selon lui injustifiées que Washington prend contre son pays, faisant allusion non seulement aux sanctions économiques, mais aussi à la menace de se retirer du traité nucléaire.
Les États-Unis ont maintes fois accusé la Russie de ne pas respecter le traité historique qui interdit le développement de tout missile nucléaire d’une portée pouvant atteindre 500 à 5500 kilomètres.
Moscou, qui a toujours nié ces accusations, a prévenu Washington que le retrait de ce pacte historique serait dangereux, parce qu’il risquerait de donner le coup d’envoi à une nouvelle course à l’armement nucléaire.
John Bolton a répété en conférence de presse à Moscou que les violations russes étaient la principale raison du retrait américain, mais certainement pas la seule.
Le fait que des pays comme la Chine ne soient pas liés aux mêmes restrictions quant au développement de son arsenal nucléaire justifie aussi la décision des États-Unis, a-t-il dit.
Au terme de sa visite de deux jours en Russie, peu de progrès semblent avoir été accomplis.
Interrogé sur la possibilité pour les États-Unis de négocier avec la Russie, John Bolton a répondu par la question : « Comment voulez-vous convaincre la Russie de cesser de violer les règles d’un traité qu’elle prétend respecter? »
Les États-Unis n’ont toutefois pas encore fixé d’échéancier pour abandonner le traité.
Et leur menace de s’en retirer pourrait encore n’être qu’une tactique pour en négocier un nouveau ou encore pour l’élargir et inclure de nouveaux joueurs, comme la Chine.
Selon M. Bolton, près de la moitié des missiles chinois seraient en violation du traité si Pékin en était signataire.
Tout indique que la suite sera discutée entre Donald Trump et Vladimir Poutine en personne.
Le président russe a demandé à rencontrer son homologue américain à Paris, ou les chefs d’État sont conviés le 11 novembre pour célébrer le 100e anniversaire de l’Armistice, la fin des combats de la Première Guerre mondiale.
C’est aussi au mois de novembre que le président des États-Unis doit décider s’il ira de l’avant ou pas avec de nouvelles sanctions contre la Russie.