Lundi 10 octobre, Gilbert Bouchard prend le train de 12h41 en gare de Bourgoin-Jallieu près de Lyon. Il doit se rendre à Grenoble pour présenter à un historien la BD qu’il vient de terminer sur le Duc de Lesdiguières, « un compagnon d’Henri IV, une personnalité, une sorte de Don Quichotte local », explique l’auteur. Il a dans sa mallette la totalité des originaux, crayonnés et planches encrées. Arrivé à destination à 13h38 quai B, il descend de la voiture et c’est là que, oups, ça déraille : « Dans le sous-sol de la gare, je me suis rendu compte que j’avais oublié ma mallette contenant tous mes originaux. Il ne s’est pas passé cinq minutes entre le moment où j’ai quitté le train et le moment où j’ai pu revenir dans mon compartiment. Et là, plus rien. Tout avait disparu».
Ce qu’a perdu Gilbert Bouchard représente deux ans de travail : les 56 pages crayonnées et en partie encrées et la couverture de l’album. De grandes planches au format 50 X 65 cm, avec beaucoup de détails et encrées à la plume ou au pinceau. « C’est une catastrophe. C’est la première fois de ma vie qu’un éditeur, Jacques Glénat, me payait en avance l’ensemble des pages avant qu’elles ne soient faites et je les perds… », raconte amère le dessinateur. Gilbert Bouchard est allé immédiatement déclarer la disparition aux objets trouvés de la SNCF mais le bureau en question n’ouvre que le matin jusqu’à 9h30 ! « La mallette est plate, dans le style d’un carton à dessins un peu usé. Celui qui l’a prise devait bien s’imaginer qu’il n’y avait pas d’ordinateur ou de portefeuille dedans. J’espère au moins que ces dessins sont chez quelqu’un et qu’il en prend soin. Si c’est le cas peut-être qu’au bout de quelques jours il s’en lassera et les rapportera. Par contre, s’ils ont été jetés dans une benne… », ajoute l’auteur.
L’histoire a fait réagir le monde des bulles sur les réseaux sociaux. L’article relatant les faits parus dans le Dauphiné libéré a été partagé, repartagé et vu plus de 42 000 fois. Un cauchemar de dessinateur qui a fait naître des initiatives généreuses. Des auteurs comme Henri Herenguel ont proposé des récompenses : « Si le découvreur rapporte les pages, je lui en offre une des miennes. Et si mes amis auteurs font pareil, alors il aura la plus rapide et sympathique des collections », écrit le dessinateur d’Ulysse 1781 ou Balade au Bout du monde sur sa page Facebook. « Je ne suis pas Uderzo et mes planches ne sont pas celles d’Astérix. Pourtant beaucoup de gens se sont manifestés pour me soutenir. Je suis vraiment touché par cette solidarité », confie le dessinateur.
Pour l’heure, les précieuses planches sont toujours dans la nature. Mais tout n’est pas perdu. Gilbert Bouchard avait scanné les planches crayonnées. En attendant un heureux dénouement, il s’est remis à sa table à dessin pour recommencer son travail. L’album prévu pour juin 2017 aura plusieurs mois de retard…
Ceux qui retrouveraient cette mallette peuvent la déposer aux éditions Glénat, Couvent Sainte-Cécile, 37 rue Servan, BP 177, à Grenoble. Tél. 04 76 88 75 75.