« Le discours identitaire de la droite, c’est le problème. Le discours économique de la droite, c’est la solution »
État civil et formation
Claude Askolovitch est né en 1962 à Paris. Il est le fils de Roger Askolovitch dit Roger Ascot de son nom de plume, écrivain et journaliste, ancien rédacteur de chef de la revue L’Arche, mensuel du judaïsme français, et auteur de livres centrés sur le destin des Juifs de France et, notamment, de l’essai Le sionisme trahi ou les Israéliens du dimanche (Balland, 1991). Proche des sionistes de gauche et du parti socialiste, Roger Ascot est décédé le 27 novembre 2011 à l’âge de 83 ans.
Après des études secondaires au lycée Chaptal, Claude Askolovitch suit des études d’économie à Paris Dauphine avant d’intégrer le CFJ dont il obtient le diplôme en 1985.
Parcours professionnel
Claude Askolovitch débute sa carrière comme pigiste à Sciences et Vie Économie puis entre à RFO avant d’être engagé au Matin de Paris. Fin 1987, il rejoint Europe 1 puis devient reporter à L’Événement du Jeudi et à Marianne. Il a également été grand reporter durant 7 ans au Nouvel Observateur de 2001 à 2008 avant d’en être nommé rédacteur en chef. Il s’occupe alors principalement du Front national et du mouvement altermondialiste.
Claude Askolovitch est à l’origine de « l’affaire Siné ». Le 8 juillet 2008, lors d’une émission sur RTL, il qualifie d’antisémite une chronique du dessinateur Siné publiée dans Charlie Hebdo, qui ironisait sur une éventuelle conversion au judaïsme du fils du président de la République, Jean Sarkozy, affirmant que celle-ci serait « profitable » à sa carrière. Cette prise de position suscite une vive polémique, une partie de ses confrères accusant Claude Askolovitch d’avoir lancé cette affaire pour servir sa carrière. Le fait est que peu de temps après ce soutien remarqué et controversé au fils du Président de la République, ladite carrière connaît une ascension fulgurante au sein du groupe médiatique d’Arnaud Lagardère, le « frère » de Nicolas Sarkozy. Celui que ses ennemis surnomment désormais « Sarkolovitch » accède ainsi aux commandes du Journal du Dimanche, journal considéré comme étant très proche de l’Élysée (« Nicolas Sarkozy considère que le JDD c’est un peu son journal. Il a une relation unique, très
spécifique, avec ce canard », Franck Louvrier, L’Express, 2 mars 2012). Il entre en même temps à la rédaction d’Europe 1 – autre propriété du groupe Lagardère – comme éditorialiste politique, où il officiera jusqu’en 2011.
Claude Askolovitch est débarqué du JDD à l’été 2011 avec l’arrivée de Jérôme Bellay et quitte à la même période la rédaction d’Europe 1. Les raisons de son éviction sont-elles politiques ? « Olivennes m’a dégagé d’Europe 1 et m’a retiré les éditoriaux du JDD, ça c’est vrai. Mais mon départ n’est pas politique. C’est un choix personnel. Maintenant, vous pouvez écrire que le mec qui éditorialisait à gauche a été débarqué. Ça, c’est vrai aussi », confie Askolovitch (blog L’Express, 2 mars 2012).
Bien qu’ayant « roulé » pour Sarkozy, Askolovitch reste en effet un journaliste engagé à gauche, tendance DSK (d’après le journaliste Renaud Revel, il était un habitué du ryad du couple Strauss-Kahn à Marrakech, L’Express, 15 septembre 2011). Il écrit ainsi, sous le pseudonyme de Jacques Suzon, un article intitulé « l’éternel survivant », (Le Point, 7 juillet 2011) rêvant d’un retour en grâce de DSK. Claude Askolovitch travaille désormais comme reporter dans le magazine de Franz-Olivier Giesbert où il assure également une chronique hebdomadaire (« À chaud »).
En janvier 2011, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand présente la liste des personnalités françaises qui seront célébrées par la République au cours de l’année, liste dans laquelle figure l’écrivain Louis-Ferdinand Céline, mort cinquante ans auparavant. Serge Klarsfeld, président de l’association des fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF) publie alors un communiqué dans lequel il estime que « la République doit maintenir ses valeurs : Frédéric Mitterrand doit renoncer à jeter des fleurs sur la mémoire de Céline, comme François Mitterrand a été obligé de ne plus déposer de gerbe sur le tombe de Pétain ». Le ministre de la Culture retire immédiatement Céline de la liste des commémorations officielles. Quelques jours plus tard, dans l’émission « On n’est pas couché », le chroniqueur Éric Naulleau fustige ce « déculottage » en estimant «anormal, et même scandaleux, qu’un lobby communautaire dicte le comportement de l’État français ». Le 31 janvier, sur Europe 1, après une chronique consacrée en partie au « problème alsacien » (l’Alsace étant présentée comme une « région très particulière » en matière de racisme), Claude Askolovitch se saisit de la phrase de Naulleau pour prouver que la parole raciste et antisémite se libère. Il traduit ainsi la phrase du chroniqueur : « En langage courant, Naulleau a expliqué que le lobby juif tenait la République ». « Certains se soucient du cumul des mandats, M. Askolovitch devrait pour sa part s’inquiéter du cumul des mandales, parce qu’il y a parfois des claques qui se perdent », lui répond Éric Naulleau quelques semaines plus tard sur Paris Première (« ça balance à Paris »). Après avoir parlé de « pauvre tentative d’intimidation », Éric Naulleau termine sa chronique en citant la phrase de l’écrivain Paul Gadenne : « Il y a des terreurs que je ne veux pas subir ».
Les incendies anti-Turcs en Alsace par Europe1fr
Le 26 avril 2012, Claude Askolovitch publie une tribune violente dans Marianne où il traite le président du CRIF Richard Prasquier, de « salaud » pour n’avoir, selon lui, pas condamné le score élevé de Marine Le Pen au premier tout de l’élection présidentielle dans un article paru dans le journal israélien Haaretz. « Il est incapable, dans un texte adressé à un journal israélien, de condamner la violence faite à la France quand un leader politique est considéré comme “normal” en ne détestant que les musulmans. Incapable de dire que notre pays est malade, même quand les juifs ne sont pas les premières cibles (…) Il a oublié que des jeunes juifs, dans les années 80, fondaient SOS racisme avec des militants beurs et de gauche (…) Richard Prasquier ne comptabilise que les injures faites aux siens. Seuls ses morts valent un Kaddish. Il se s’alarme que si les juifs sont touchés (…) la morale et la raison de Prasquier s’arrêtent aux portes du ghetto (…) Aujourd’hui, la détestation des musulmans, subreptice ou revendiquée, grimée de laïcité ou affichée en haine de l’autre, fait partie du débat public, Marine Le Pen le démontre, un certain sarkozysme s’en est emparé, Richard Prasquier le confirme. Sartre écrivait également de belles choses sur les salauds qui détournent la tête quand le mal court. Le ghetto aussi compte ses salauds », y écrivait-il notamment.
Publications
La France du Piston, avec Sylvain Attal, Robert Laffont, 1992.
Black Boli (entretien avec Basile Boli), Grasset, 1994.
Chemin faisant (entretien avec le Grand-Rabbin Sitruk), avec Bertrand Dicale, Flammarion, 1997.
Voyage au bout de la France – Le Front national tel qu’il est, Grasset, 1999 (Prix Décembre 1999).
Lionel, Grasset, 2001.
Qui connaît Madame Royal ? (entretien avec Éric Besson), Grasset, 2007.
Je vous fais juges (entretien avec Rachida Dati), Grasset, 2007.
Pour en finir avec le vieux socialisme… et être enfin de gauche (entretien avec Manuel Valls), Robert Laffont, 2008.
Conversation avec Claude Askolovitch (biographie de Patrick Bruel), Plon, 2011. Un inconnu nommé DSK, Grasset, 2011
Nos mal-aimés : ces musulmans dont la France ne veut pas, Grasset, 2013.
Il a dit
« L’islamophobie n’est pas arrogante mais apeurée, une idéologie pour vaincus d’avance ; elle intègre une défaite à venir, la certitude d’être submergé ; elle sent la sueur aigre, mais parfois autre chose aussi : l’espoir déçu d’une vie meilleure, où tous se ressembleraient, et même une radicalité chic et esthétique. » Nos mals-aimés: Ces musulmans dont la France ne veut pas, page 23.
« Si le discours de la droite est identitaire, c’est un problème, si le discours de la droite est économique, c’est la solution. » (Direct 8 « You are talking to me », 31 mai 2012)
« Que des gens sincères servent de faire-valoir à de la propagande politique me déprime… Nous (journalistes) sommes payés pour ça, au moins. » (twitter – 12 mars 2012)
« Nous (NDLR les Juifs) sommes un élément décisif en matière de validation électorale », StreetPress, 17 mars 2011.
« On est en train de résumer l’antisémitisme à une épave, une espèce de punk couturier imbibé d’alcool, donc on va tuer socialement Galliano et tout le monde s’en sortira très bien, trop bien, parce que pendant ce temps-là, l’antisémitisme existe et il ne se résume pas à ce pauvre couturier. L’antisémitisme, il est au pouvoir en Iran avec Ahmadinejad qui a beaucoup d’amis dans la planète, de Chavez à Khadafi qui se porte un peu moins bien. En France, il existe dans les quartiers difficiles, il existe dans un lycée de province où une prof d’histoire est mise à l’index parce qu’elle voulait trop enseigner la Shoah, ça existe aussi dans les beaux quartiers, dans des allusions au caractère étranger de Dominique Strauss-Kahn, l’homme qui n’aurait
pas de terroir, ça vient de revenir sur le site tout neuf de la droite française qui pense, Atlantico, sous la plume de Paul-Marie Coûteaux qui était à la fois séguiniste, chevènementiste, gaulliste. Ça existe, c’est subtil évidemment parce que l’antisémitisme est subtil », chronique sur Europe 1 intitulée « L’antisémitisme est partout », à l’occasion du scandale provoqué par les élucubrations pro-hitlériennes du grand couturier de la maison Dior, John Galliano, dans un café parisien en février 2011, 2 mars 2011.
Les homosexuels peuvent se marier partout dans le monde », Europe 1, 18 janvier 2011 (affirmation récompensée par un Bobard d’Or 2011).
« Le peuple suisse est un salaud collectif (…) je peux ne pas aimer ce peuple-là », i>Télé, 29 novembre 2010.
D’après le journaliste Hicham Hamza, Claude Askolovitch se qualifie de « vieux social- démocrate pro-israélien de culture sioniste ».
« Le problème quand on invite des gens, c’est de les présenter pour ce qu’ils sont. Ne pas présenter comme progressiste quelqu’un qui est très conservateur ou qui n’est pas un démocrate… […] Soral, Dieudonné… on sait ce qu’ils font. On sait ce qu’ils véhiculent. Ce sont de charmants garçons qui sont devenus des propagandistes de l’antisémitisme le plus absolu, et qui en plus jouent avec un talent extrême, une perversité extrême, envers un public venu des banlieues, de la France d’origine arabo-musulmane en leur expliquant : vos vrais ennemis, c’est là-bas, c’est les Juifs. Ce qu’ils disent, comme ils ont du talent, quand on les invite, ça peut marcher. Je ne dis pas que les gens sont bêtes ! On a le droit de ne pas les inviter. Il fut un temps, Anne Sinclair ne voulait pas inviter Jean-Marie le Pen. […] Quand Thierry Meyssan avait expliqué chez Ardisson que tout était faux à propos du 11 septembre, évidemment il aurait fallu ne pas l’inviter ! Car il y a une responsabilité des gens qui invitent. » RTL, On refait le monde, 18 mars 2013.
« Il y a toujours eu dans les organisations de nervis, quelles que soient leurs obédiences, leur coloration (irlandaise, polonaise, musulmane, juive, etc) ce phénomène d’ados paumés, d’ados boutonneux… encadrés par des salopards idéologiques. […] Je pense que la Ligue de Défense juive doit être dissoute en France. […] Cette organisation me pose énormément de problèmes. » Beur FM, 2 octobre 2013.
Ils ont dit de lui
« Je ne connais pas personnellement Monsieur Claude Askolovitch. Je ne sais donc pas quels ressorts intimes le poussent à prendre les positions qui sont les siennes, positions dont la philosophie se résume à un axiome répété à l’envi : “la France a suffisamment vécu, il est temps qu’elle s’efface et pour cette besogne, il est absolument possible de compter sur moi”. », Alain Ribot, Riposte laïque, 25 octobre 2012.
« Askolovitch fait partie de ceux qui utilisent, de manière sordide, les persécutions subies par ses ancêtres juifs pour multiplier des amalgames, autour de ces drames, qui empêche la tenue de tout débat démocratique par un véritable terrorisme intellectuel. », Paul Le Poulpe, Riposte laïque, 15 mars 2012.
« Calme-toi. Personne ne veut te déporter (…) Alors souffle un peu… et arrête de nous emmerder ! », Dieudonné, septembre 2010, dans un de ses spectacles.
« Claude Askolovitch s’est comporté comme un grossier personnage que j’ai envie de tuer », Siné Libération, 20 janvier 2009.
« Le 5 mai 2012, Valls, Fouks et Bauer devaient se réunir dans un restaurant chic de Paris afin de fêter leurs “150 ans”. À la veille du second tour de l’élection présidentielle, le premier a jugé préférable d’annuler sa venue. Un homme faisait partie des convives : Claude Askolovitch. Ce journaliste, fils d’une figure éminente du sionisme dit de gauche et réputé pour ses critiques de la dérive idéologique du CRIF, fait également partie du cercle proche du ministre. En 2008, les deux hommes avaient publié un livre d’entretiens. Récemment encore, le 31 janvier, Askolovitch (ancien élève de l’école) organisa personnellement la conférence de Manuel Valls au Centre de formation des journalistes. Le détracteur saisonnier de Tariq Ramadan est également celui qui n’a pas hésité, dans l’hebdomadaire Marianne, à relayer la tirade de son ami à propos de son “lien éternel avec la communauté juive et Israël”. Relayer, en réalité, pour mieux déformer le propos. Claude Askolovitch a ainsi laissé entendre que les citoyens stupéfaits ou indignés par une telle déclaration seraient, au fond, des crypto-antisémites “coléreux” et préoccupés par le fantasme d’un “Valls enjuivé”. Dans cette tribune rédigée en février dernier, il reprocha à l’auteur de ces lignes (responsable de la divulgation) et, de manière générale, à “l’Internet musulman” (parlerait-on d’un “Internet juif” ?) d’attiser la
haine antijuive. Dans son dernier livre, consacré à l’islam de France, le journaliste dénonce l’islamophobie d’un côté pour mieux, de l’autre, diaboliser à nouveau les citoyens, musulmans ou non, qui seraient scandalisés par le sionisme exacerbé de Manuel Valls ainsi que sa préférence communautaire – contraire à l’esprit républicain. » Hicham Hamza, Octobre 2013.
Lu sur L’OJIM