Cher Bernard Cazeneuve,
Ce matin encore je n’avais pas d’ opinion sur vous (pas plus, il faut bien le dire, que la plupart des Français) mais depuis 8h25 j’en ai une et je vais essayer de la faire partager .
8H25, c’est l’heure où vous avez cru intelligent de tweeter que vous étiez Républicain, comme ça, machinalement, comme on dépose une offrande devant la statue du Veau d’or avant d’ouvrir la bouche, comme votre patron Manuel Valls dont les tics de langage déteignent sur la parole délavée de ses ministres . Mais j’aimerais pour une fois souligner que la précision liminaire, satisfaite, irréfléchie selon laquelle vous êtes républicain et par laquelle vous vous assurez des parts de marché dans l’opinion de manière récurrente s’accompagne d’un tour d’horizon de la situation au Proche Orient que voici: «Quand on est Républicain on ne distingue pas entre les enfants de Gaza, les chiites de Mossoul et les jeunes Syriens».
Visiblement quand on est Républicain à votre manière on n’honore que le malheur musulman , servilement, impudemment, au moment où des milliers de Chrétiens fuient la ville de Mossoul après avoir été placés devant le choix de l’abjuration ou de l’exil. Quand on est Républicain à la manière de la rue de Solférino on est capable de devenir borgne un jour de terreur, de massacre, de razzia et de ne citer que les chiites de Mossoul alors que la ville est sillonnée par des troupes qui piétinent les icônes de la Vierge. Le républicanisme que vous envoyez à la figure de vos opposants pour l’intimider sur les plateaux révèle une fois de plus son vrai visage, ou plutôt ses deux visages de Janus, un côté internationaliste et généreux, un autre d’une parfaite indifférence au sort de ceux qui ne sont pas de votre famille. L’histoire a connu des milliers de cas comparables au vôtre mais elle se souviendra de vous à cause de cette simple phrase scandaleuse, sectaire par omission, que j’invite les lecteurs à renvoyer sans relâche.
Christian Combaz