Fâchés avec la discipline, les enseignants français ? C’est ce que laisse à penser une étude internationale de l’OCDE. Qui dresse un bien piètre bilan de la situation.
Enseignants français : moins bien formés
Les questions de la baisse du niveau scolaire et des violences à l’école nous rappellent fréquemment l’état déplorable dans lequel se trouve l’éducation nationale française. Des inquiétudes que vient renforcer un rapport publié par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) qui a investigué auprès de 260.000 enseignants et chefs d’établissement dans 48 pays.
De ces travaux, il ressort que les enseignants français sont moins bien formés par rapport à d’autres États. Avec notamment pour conséquence une plus grande difficulté à maintenir l’ordre au sein de leurs classes et les comportements de leurs élèves. Ils sont ainsi plus nombreux que leurs collègues étrangers à faire part de problèmes de discipline dans leurs établissements.
Dans le détail, concernant les matières enseignées au collège, les enseignants hexagonaux ne sont que 66 % à prétendre avoir été formés au contenu mais aussi à la pédagogie et à la mise en pratique de celles-ci. Parmi le panel sondé, seules l’Italie, l’Espagne et la République tchèque font moins bien. Pour les 31 pays ayant répondu sur ce point, la moyenne est de 79 %.
Profs de France : discipline en berne
Quant à cette question cruciale de la discipline, les enseignants français indiquent avoir été formés à la gestion des comportements des élèves pour seulement 55 % d’entre eux. Contre une moyenne de 72 % dans le reste de l’OCDE. Pire encore, seulement 22 % des Français s’estiment « bien préparés » sur ce point (la moyenne de l’OCDE est de 53 %).
Autre donnée intéressante que révèle l’étude, il existe dans les établissements scolaires français de forts écarts dans le temps consacré à ramener le calme en classe selon le caractère défavorisé ou non de l’école en question. Ainsi, ces écarts vont jusqu’à 7,5 jours par an entre les établissements « sans histoires » et ceux « à problèmes »… Faut-il préciser que cette grosse semaine dédiée à calmer les perturbateurs dans les collèges en « difficultés » représente donc une semaine de moins pour la transmission des savoirs ?
Corps enseignant et dissonance cognitive
Toujours est-il que les professeurs de l’Hexagone dépensent 17 % de leur temps en classe pour le maintien de la discipline. Une part qui n’est que de 13 % en moyenne dans les autres pays interrogés. Signe que la France est en mauvaise posture du point de vue du comportement de ses élèves, plus d’un tiers des enseignants (35 %) affirme faire face à des problèmes de discipline. Ils ne sont que 28 % en moyenne dans le reste de l’OCDE.
L’OCDE souligne d’ailleurs (et à juste titre) que ces écarts seraient éventuellement dus au fait d’envoyer dans les établissements les plus défavorisés les enseignants débutants. Ce qui nous conduit à relever un autre paradoxe : la volonté des enseignants, dès qu’ils en ont l’opportunité, de quitter les écoles en difficultés afin de poursuivre leur carrière dans un environnement plus « serein » contraste bien souvent avec les revendications de mixité sociale (et ethnique ?) d’une corporation marquée par son ancrage à gauche.
La dissonance cognitive engendrée par cette confrontation au réel des plus brutales conduit alors très rapidement l’enseignant à formuler sa demande de mutation. Ce que l’utopie socialiste y perd, la tranquillité y gagne. Ainsi va l’école française…