L’amant d’un jour (Bande-annonce)

L’amant d’un jour inquiète d’emblée par son titre. Ne serait-ce pas là une énième manifestation de propagande pour des « mœurs libérées », suivant une fausse-provocation commune depuis les années 1970. La vraie provocation serait aujourd’hui d’exalter la chasteté avant le mariage et la fidélité conjugale voire la sainteté. Le film ne va pas, hélas, dans ce sens pour autant. Mais il propose une forme de conte philosophique sur l’amour : s’il est courant qu’un homme soutienne que sa compagne habituelle ne devrait pas s’inquiéter, ni a fortiori surréagir – suivant cette logique – en brisant leur relation, s’il avait quelque distraction avec l’amante d’une nuit, pourquoi l’inverse est-il si rare ? Une belle jeune femme, étudiante, qui vit en concubinage avec son professeur de philosophie à la faculté, entend soutenir qu’un homme devrait rester pareillement serein si sa compagne ne succombait que temps à autre aux charmes de L’amant d’un jour. Son compagnon, philosophe très libéral et fier de l’être, sur le plan théorique, veut bien en convenir. Mais qu’en serait-il en réalité ?
 
Un élément perturbateur dans ce couple est introduit par l’irruption dans leur appartement, un bel appartement parisien avec terrasse, sans être immense, de la fille du professeur. Elle a exactement l’âge de la nouvelle compagne de son père, probablement divorcé depuis longtemps. Elle est en situation de grande souffrance morale, suite à sa rupture avec son concubin, qui aurait été absolument odieux, dur et manifestant une indifférence froide, envers elle. Sur le coup, elle n’est pas ravie de la découverte. Mais, rapidement, du moins en apparence, elles deviennent les meilleures amies. La compagne du père lui sauve même la vie lors d’un de ses épisodes dépressifs.
 

L’amant d’un jour, pour un public adulte averti

 
Avec un tel sujet, il aurait fallu feu Rohmer à la réalisation. Sa disparition se fait vraiment sentir. Sans être dépourvu de talent, loin s’en faut, son épigone Philippe Garrel, avec L’amant d’un jour, n’est pas tout à fait à la hauteur. La pudeur de certaines scènes est hélas discutable. Le sens général, et prévisible, sera quand même, en un sens, moral. Aucun couple ne peut tenir avec des distractions coutumières, et ce en dépit de toutes les arguties de philosophes ou prétendus tels. Le philosophe universitaire se montre assez décevant ; son discours n’est pas si sophistiqué – que ce soit sur l’amour comme d’autre sujet, son exposé sur la justice est aussi catastrophique que dans l’air du temps- et il est incapable de l’appliquer…
 
Pour un public adulte averti, L’amant d’un jour n’en possède pas moins quelques séductions formelles, portées par un noir et blanc très esthétisé et le charme irrésistible de Louise Chevillotte.

Lu sur Réinformation TV
 

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