Par Caroline Parmentier
Isabelle Huppert en éleveuse de bovins éthérée, déjà il fallait le gober. Le contre-emploi ne passe pas une seconde. Elle n’est pas plus convaincante d’ailleurs dans le reste des situations vues et revues qui défilent sous nos yeux, sorte de scie cinématographique où l’ennui pesant domine.
Froide comme un colin-mayonnaise dont elle a le regard, Huppert nous navre. Le toujours très bon Jean-Pierre Darroussin n’est ici qu’un gentil faire-valoir, prévisible et convenu.
Brigitte et Xavier sont éleveurs de vaches en Normandie. Avec sa toque de fourrure et sa cape, elle est rêveuse et fantasque, veut-on nous faire croire. Lui, plus rustique, les pieds ancrés dans la terre, vit surtout pour son métier. A ce stade déjà, on regarde sa montre en pensant à sa liste de courses.
La routine de leur couple pèse de plus en plus à Brigitte qui sur un coup de folie, prend la clef des champs. Destination : Paris. Le problème c’est que tout est artificiel, pétri de clichés psychologiques, sociologiques et agricoles. Et d’une lenteur éprouvante. Ah ces scènes en temps réel ou Brigitte recharge son portable… Vive le cinéma français ! Les dialogues sont très peu travaillés. Les seuls moments un peu sympas sont ceux où l’on aperçoit le magnifique élevage dans les champs. Ça fait peu pour un film d’1h38.
Rien ne nous est épargné dans le registre des mauvaises idées. Comme cette scène ridicule où Darroussin, fourche à la main, nous rejoue un mauvais pastiche de La Femme du boulanger, une charolaise tenant le rôle de Pomponnette. Ou ce passage inénarrable dans lequel Brigitte joue la justicière gaucho à la capitale en s’interposant entre les méchants flics et un pauvre immigré pakistanais qui vend des fruits à la sauvette. Elle sauvera son petit cageot d’avocats qu’elle lui rapportera dans un jardin public où il s’est réfugié. Puis l’embauchera dans sa ferme à la fin de son escapade. Escapade dont le pauvre spectateur rêve lui, depuis un bon moment.