On l’appelle Jeeg Robot est un film fantastique très singulier, et selon nous, réussi. Il narre les aventures d’un superhéros italien, soit une tentative particulièrement rare de pénétrer ce sous-genre quasi-réservé au cinéma nippon ou américain. Le Jeeg Robot original est un dessin animé japonais pour enfants des années 1980, et tient de la variante de Goldorak, beaucoup plus connu en France. C’est le dessin animé préféré de la voisine d’un petit délinquant. Adulte, mais au moins à moitié folle, elle est volontairement retombée en enfance, en regardant en boucle les aventures de Jeeg Robot, et en projetant son univers factice sur la réalité. C’est ainsi qu’elle renomme toux ceux qui interviennent dans sa vie d’après des personnages du dessin animé, dont Jeeg Robot est le superhéros. L’apparition de capacités surhumaine chez son voisin, petit délinquant accomplissant de vilaines besognes avec son père, ne l’étonne donc nullement. Cet homme très seul, misanthrope, bandit peu fier de son activité, mais l’accomplissant quand même, a donc reçu des pouvoirs de force et de résistance extraordinaires, suite à une contamination par des produits chimiques négligemment jetés dans le Tibre. Victime de cette pollution scandaleuse, que l’on aimerait croire impossible, après une phase de maladie, au lieu de mourir, l’antihéros reçoit donc des pouvoirs de superhéros. Sa voisine folle essaie de le convaincre d’en user pour le bien. Cette reconversion ne sera ni naturelle ni immédiate. Dans un premier temps, il ne veut voir que la facilité ô combien accrue de l’accomplissement de ses larcins. Ces pouvoirs permettront paradoxalement une forme de renaissance à l’humanité du criminel.
On l’appelle Jeeg Robot, fort intéressant esthétiquement et souvent émouvant
On l’appelle Jeeg Robot surprend vraiment par son enracinement dans une réalité dure de l’Italie d’aujourd’hui, les banlieues de Rome, entre grands ensembles fort laids des années 1970-80 et bidonvilles. Le milieu de la délinquance, petite, misérable, mais peut-être d’autant plus dangereuse, est bien décrit. Le film se situe délibérément aux confins du drame, et même du drame social, et du policier. Le réalisme recherché dans la vision des bas-fonds de Rome réserve le film à un public adulte averti. On l’appelle Jeeg Robot n’est absolument pas pour les enfants, comme le titre pourrait le faire croire. Il pose des questions très réelles sur une situation économique et sociale italienne encore pire qu’en France, et ce depuis une décennie, et le danger pour la sécurité nationale posée par des réseaux mafieux très armés. Et, si, hypothèse du film, un mafieux fou, décidait de commettre des attentats causant des centaines de morts, suivant des justifications, si l’on ose dire, fumeuses, ou simplement pour faire parler de lui, un tel crime paraît possible. Et il n’y aurait dans la réalité aucun superhéros pour l’en empêcher.
On l’appelle Jeeg Robot propose une expérience cinématographique unique. Elle ne convaincra certes pas forcément tout le monde, mais nous l’avons trouvée, pour notre part, fort intéressante esthétiquement, et souvent émouvante.