A Calais, elles aident “les citoyens du monde”!

 

Peggy Lee, Rose Dodd et Clare Bickerton, ce sont trois drôles de dames à l’accent britannique. La 1re est étudiante, la 2e est employée municipale, et la 3e travaille pour l’ADMR. Entre Lot et Aveyron, installées à Cuzac et Balaguier d’Olt, ces trois amies ont décidé de ne pas ignorer ce qui se passait à Calais, et d’aider les migrants et ceux qui restent en Syrie.

Comment vous est venue l’envie d’apporter votre aide aux migrants ?

Il y a longtemps que nous en parlions. Nous n’en pouvions plus de voir la misère de ces gens déplacés et de rester là sans rien faire. En novembre 2015, est parue la photographie du corps d’un enfant migrant, mort noyé et rejeté par la mer, sur une plage grecque. Cette image a provoqué un électrochoc et nous avons décidé d’agir, à notre niveau bien sûr.

Quelles actions menez-vous ?

Nous apportons une aide matérielle à tous ces malheureux. Nous démarchons des associations, des commerçants et même des particuliers afin de collecter des vêtements, du matériel de camping, du matériel médical, des médicaments et des denrées alimentaires. Ensuite, nous trions ces affaires qui sont partagées en deux catégories : les vêtements pour homme et le matériel de camping que l’on apporte par nos propres moyens à Calais et à Paris. Le reste qui part par conteneurs en Syrie, via l’association Rasi Rine. Beaucoup de femmes et d’enfants restent en Syrie, ce sont principalement les hommes qui fuient.

De quoi manquez-vous actuellement ?

D’aides financières car transporter ce matériel à Calais a un coût (location de véhicule, transport, etc.). Nous sommes surprises par la générosité des gens de la région et nous collectons de nombreux dons. Bien que des personnes, anglaises et françaises, des amis, nous aident ponctuellement, nous manquons aussi de bénévoles pour collecter, trier et acheminer le matériel à Calais.

Êtes-vous seules ?

Nous travaillons de concert avec des associations anglaises et françaises. L’idéal serait de se regrouper mais cela nécessite une organisation et une gestion plus complexes. Et nous manquons de temps.

Vous qui êtes allées à la Jungle de Calais, quel regard portez-vous sur les migrants ?

Ces personnes arrivent démunies et les organisations humanitaires sont débordées. Il faut considérer ce phénomène migratoire de façon globale et non à l’échelle d’un Etat. Ces gens-là ne viennent pas profiter des richesses de nos pays mais fuient la guerre, la misère, la famine, pour eux c’est une question de survie. Dresser des barbelés, fermer et militariser les frontières n’enrayera pas ce phénomène qui va par ailleurs, c’est notre avis, s’amplifier. Il s’agit de citoyens du monde. L’histoire de nos pays nous montre que nos aïeuls ont eux aussi connu les chemins de l’exode et que nous ne sommes pas à l’abri d’être un jour contraint de quitter nos territoires. Accueillons ces gens le plus dignement possible. Il en va de leur survie, il en va de notre survie. Chacun d’entre nous peut, à son niveau, avec ses moyens, contribuer à cela.

(N.D.L.R. : 5 des 7,5 hectares de la zone sud de la «Jungle» de Calais ont été démantelés. Une partie des migrants s’est déplacée vers la zone nord, d’autres ont été placés dans des hébergements dédiés).

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