L’inénarrable Marcel Campion, qui n’a pas son pareil pour embobiner les politiciens par un mélange de copinage, de cordialité et de brutalité, poursuit un objectif quasi névrotique depuis vingt-trois ans : installer son bastringue sur la place de la Concorde, défigurant ainsi un des plus beaux sites urbains du monde. En 2001, c’est tremblotant que Delanoë demanda au juge des référés de lui imposer le démontage sous astreinte ce que le matamore Campion fit fissa dès lors qu’il fut condamné à la somme conséquente de 100 000 francs par jour d’infraction!
Aujourd’hui, il joue de plus belle des hypocrisies de la mairie et des atermoiements du ministère de la culture. Cela fait deux mois qu’il aurait dû dégager les lieux.
Ce laxisme s’inscrit dans une longue série de compromissions : il a obtenu d’augmenter la taille de la roue de 57 à 65 mètres et le nombre des nacelles, les deux candidatures concurrentes ont été écartées pour d’obscures raisons techniques et c’est goguenard que Campion s’apprête à rafler une nouvelle concession de 2017 à 2019 : « S’il n’y avait que deux candidats cette année, c’est que le monde forain me respecte. Toutes les entreprises qui exploitent les grandes roues dans le monde me connaissent et savent les risques que j’ai pris pour installer une grande roue à Paris. » Curieuse entente cordiale …
Il incombe d’urgence à la ville d’introduire à nouveau un référé pour le forcer à partir.
Bientôt, si rien n’est fait, sous prétexte d’euro de football puis de candidature aux JO, les mêmes lâchetés et les mêmes compromissions permettront à Campion de laisser la roue à demeure, avec naturellement ses ultra-lucratives baraques à frites et à gaufres attenantes.
Décidément, cet échafaudage est le symbole du déclin de Paris, de celui de sa classe politique et du respect de sa physionomie urbaine.