Un enfant brésilien qui pleure, fourchette et couteau à la main, parce qu’il n’a dans son assiette qu’un ballon de football. Le message est clair et l’image est d’autant plus forte que le jeune semble crier famine.
Réalisée sur la façade d’une école dans le quartier de Pompeia à Sao Paulo, l’oeuvre du street-artist brésilien Paulo Ito est rapidement devenue le symbole des anti-Coupe du monde en se propageant sur les réseaux sociaux.
On pouvait s’en douter, la mégalopole bétonnée qu’est Sao Paulo est depuis longtemps un repère de street-artist brésiliens, connus pour leurs oeuvres souvent colorées, et surtout revendicatives. Paulo Ito dénonce ainsi à travers l’art, les dépenses exorbitantes pour la Coupe du monde dans un pays où les disparités sont encore importantes.
En effet, selon un article du Monde.fr : En 2007, lors de la sélection de la candidature brésilienne, les prévisions de dépenses pour les enceintes sportives, les transports et les infrastructures s’élevaient à 3 milliards d’euros. Sept ans plus tard et à trois semaines de la Coupe du monde, cette somme devrait atteindre près de 11 milliards d’euros.
Une somme presque quatre fois plus élevée que les estimations, dénoncée à plusieurs reprises lors de manifestations dans les grandes villes du Brésil. Pour autant, l’artiste ne vise personne en particulier. Il n’a d’ailleurs visiblement pas apprécié que TV Revolta, une page Facebook extrêmement suivie au Brésil, où la publication a fait plus de 25 000 partages, ait utilisé son oeuvre pour attaquer Dilma Roussef.Selon lui, la présidente populiste héritière de Lula a fait de bonnes choses pour les plus pauvres. Interviewé par Slate, il conclut :Je ne voulais pas dire que rien est fait contre la pauvreté. Mais nous devons montrer au monde entier que la situation n’est toujours pas résolue.”
Banksy en 2012 : même topo
Ce n’est pas la première fois que des street-artist locaux dénoncent les dérives d’événements sportifs de grande ampleur. On pense notamment au lanceur de javelot-missile du britannique Banksy qui avait dénoncé l’explosion des budgets et la militarisation de son terrain de jeu préféré (Londres, sa ville d’origine) lors des JO de 2012.