En Syrie de Joseph Kessel

Le premier reportage de Joseph Kessel, publié en 1926, a été édité en 2014 chez Gallimard. Ce texte d’une centaine de pages du grand reporter et écrivain français dépeint la situation de la Syrie mandataire, troublée par la rébellion du Djebel druze. Il est d’une troublante et brûlante actualité.

Quelques mots de contexte avant ceux de Kessel. En 1926, aux termes du Traité de Sèvres, la Syrie est sous mandat français. Les Français ont constitué quatre Etats dès 1920 : le Grand Liban avec comme capitale Beyrouth ; l’Etat d’Alep ; l’Etat de Damas et enfin le “Territoire des Alaouites” dans la région de Lattaquié. En 1922, un premier regroupement est effectué avec la création de la Fédération syrienne qui regroupe Alep, Damas et Lattaquié. Dans le même temps, la France crée l’Etat du Djebel druze au Sud-Est de la Syrie, dont la capitale devient Soueïda.

Ces découpages successifs traduisent bien la montée des troubles parfois violents entre les différentes communautés ethniques et religieuses, en particulier avec la communauté druze. La puissance mandataire installée à Beyrouth a bien du mal à définir une organisation territoriale qui les apaise. A partir de 1925, les Druzes de Soueïda débutent une insurrection contre le pouvoir central. Menée par Sultan El-Atrach, la rébellion druze se propage en quelques mois dans l’ensemble du territoire syrien.

Au départ, l’armée française piétine dans le Djebel, une région de montagnes particulièrement difficile où les redoutables cavaliers druzes infligent aux troupes bleu horizon de sévères défaites. Ce fut cependant de courte durée : les rebelles furent militairement vaincus en 1927 et l’insurrection syrienne prit fin. Les rebelles furent vaincus car leurs divergences sur les objectifs de l’insurrection étaient trop importantes. La complexité du jeu communautaire syrien, qui avait entravé l’action de la puissance mandataire française, a tué à son tour la rébellion. Le mandat français va ensuite se libéraliser. Dans l’organisation de la Syrie, les civils, notamment le haut commissaire Henry de Jouvenel, vont prendre le pas sur les militaires pour adoucir la présence française.

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