Dans son dernier livre, Malaise dans l’identité (Actes Sud), il y démonte la notion d’identité nationale et son utilisation. «Je comprends qu’on parle d’identité bretonne, car la bretagne n’est pas un État. Le jour où la Bretagne sera un État, je m’opposerai à ce qu’on parle d’identité bretonne», indique-t-il dans le même entretien. Le sentiment d’appartenance n’est pas sa tasse de thé : «Je ne pense pas que les divisions administratives doivent correspondre avec des divisions culturelles.» Bref, notre homme est hostile au «fait de constituer une Bretagne sur des racines historiques». On peut donc supposer que des « machins » comme le « Grand Est » ou « Hauts de France » lui conviennent parfaitement.
Il n’y a pas que la question bretonne qui vaut à Hervé Le Bras de solides inimitiés. Dans sa profession, quelques esprits non inféodés au Système s’empressent de lui tailler des costards dès que l’occasion se présente. C’est le cas de Christophe Guilluy : « Dans le domaine qui est le mien, celui de la démographie et du territoire, c’est archi-caricatural. Ma discipline est verrouillée par quelques personnages qui ne sont plus là que pour ostraciser. Je reçois désormais des courriels de doctorants qui m’assurent suivre mes travaux, mais m’expliquent qu’il leur est interdit de les citer. Voilà où nous en sommes. C’est le totalitarisme soft dans sa version universitaire. Dit autrement, le système est mafieux : il l’est en ce sens qu’il s’agit de tuer, professionnellement parlant, les pensées dissidentes. C’est la mésaventure qui est arrivée à Michèle Tribalat. Cela fait plus de quarante ans qu’elle accumule les études, statistiques à l’appui. C’est quelqu’un qui produit, contrairement à des gens comme Hervé Le Bras et Emmanuel Todd. Sa carrière a été un long calvaire, elle ne pouvait même plus aller physiquement à l’Institut national d’études démographiques (Ined), elle devait travailler chez elle, tant Le Bras et ses acolytes l’ont harcelée. Pour mémoire, elle avait attaqué, dans les années 1970, Le Bras sur sa méthode, pointant ses erreurs statistiques et le coinçant sur un point de méthode loin d’être négligeable puisqu’il conditionne l’ensemble de ses travaux. Le Bras n’a rien eu à lui répondre, sinon qu’elle prenait la suite des statistiques ethniques sous Vichy. Mal lui en prit, Michèle Tribalat n’a pas eu de mal à prouver qu’il n’y a pas eu de statistiques ethniques sous Vichy ! Qu’importe, le scud était lancé. Interdit de donner les vrais chiffres de l’immigration. En grand manipulateur, Le Bras – et avec lui les réseaux du Monde et la mafia universitaire – a toujours communiqué sur le solde migratoire, arnaque complète. Le tour de passe-passe a beau être énorme, il n’en a pas moins été reçu comme vérité intangible. Or, on ne peut pas considérer qu’il n’y a pas d’immigration au prétexte que de jeunes Français surdiplômés s’installent en masse à Londres ou ailleurs. Tribalat n’en est pas restée là, puisqu’elle s’en est prise à Todd, autre vache sacrée, sur la question des mariages mixtes, autre arnaque. » (Éléments, avril-mai 2017).
B. Morvan
Crédit photo : Pamputt/Wikipedia (cc) : Hervé Le Bras lors du forum « L’année vue par les sciences » organisé par France Culture le 13 février 2016
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