Un orchestre allemand a accusé samedi les autorités turques de faire pression sur lui et l’Union européenne afin d’empêcher que le terme de “génocide” soit utilisé dans le cadre d’un concert qu’il donne autour des massacres dont les Arméniens ont été victimes à partir de 1915. Le 24 avril est la date-anniversaire du déclenchement des événements survenus dans l’ancien empire ottoman.
“C’est une atteinte à la liberté d’expression”, a déclaré le directeur de l’orchestre de Dresde, le Dresdner Sinfoniker, Markus Rindt. Selon lui, l’ambassade de Turquie auprès de l’Union européenne a demandé à la Commission européenne à Bruxelles de supprimer une subvention de 200.000 euros accordée à l’orchestre pour ce projet, au prétexte que le spectacle utilise le terme de “génocide” – que récuse toujours Ankara – pour qualifier les massacres commis il y a un siècle, qui ont coûté la vie à au moins un milion et demi d’Arméniens, sans oublier des populations d’autres minorités, notamment les Assyro-Chaldéens.
La Commission européenne a maintenu la subvention mais invité l’orchestre à “adoucir” les textes du spectacle en ne mentionnant plus le génocide et a retiré toute mention du concert sur sa page internet, a affirmé le directeur de l’orchestre. “Nous trouvons tout cela très discutable”, a-t-il déclaré à l’AFP.
(…) Le spectacle a été monté à l’occasion du centenaire du génocide des Arméniens en 1915 et se veut un projet de réconciliation. Il associe plusieurs pièces musicales, jouées par un orchestre où figurent des musiciens turcs et arméniens. La controverse porte sur les textes chantés par le choeur ou lus sur scène, ainsi que sur la formulation du programme qui parle explicitement de génocide (www.aghet.eu).
Le nom de la production, “Aghet”, est aussi utilisé en arménien pour parler des massacres de 1915. Elle avait été montrée en novembre 2015 en première à Berlin, sans provoquer de remous.