Par Alain Sanders
Claude Bartolone, ce paysan du Danube accroché à son perchoir de l’Assemblée comme un bigorneau à son rocher, avait annoncé un scoop dans le rapport sur « l’engagement citoyen et l’appartenance républicaine » remis récemment à Hollande. Ce scoop – vous parlez d’un scoop… – c’est la proposition de rendre le vote obligatoire.
C’est une sorte de variante de l’adage bolcho, « le peuple vote mal, changeons le peuple » : le peuple ne veut pas voter, obligeons-le à le faire. C’est sûr que plus républicain, tu meurs…
Plutôt que de prendre en compte le fait que si les gens ne votent pas c’est parce qu’ils ne supportent plus leurs tronches de cake ou parce qu’ils ont compris que leur vote ne sert à rien, les représentants républicains – qui ne représentent plus rien – pensent avoir trouvé la parade : la contrainte urneuse.
Bartolone, la bouche en cul de poule, explique : « Nous ne pouvons pas continuer à fragiliser nos élus. » Pauvres petites choses…
Pour rendre le vote vraiment obligatoire (comme dans les pays totalitaires), on préconise une amende à l’encontre des récalcitrants. Voire même une condamnation à des travaux d’intérêt général ! Et quoi de plus ? Les mines de sel ?
En Belgique, au Luxembourg, en Grèce, le vote est obligatoire. En principe. Car jamais les sanctions envisagées contre ceux qui font de la résistance n’ont été appliquées. Parce que inapplicables.
Ce n’est pas la pratique – normalement démocratique – qu’il faut changer, mais bel et bien une politique et des politiques qui ne font plus recette.
Pour ma part, je n’ai jamais été un grand fan de ces noubas électorales. Mais, depuis quelques années, pour ne pas désespérer une droite nationale qui se bat bien, je me fais violence. Mais il faut bien dire que lorsque des millions d’électeurs de cette droite nationale ne sont représentés à l’Assemblée que par trois – courageux – élus, on ne peut pas dire que ça incite à faire son « devoir citoyen ».
En tout état de cause, si ce déni démocratique – le vote obligatoire – était adopté, je n’irais plus voter du tout. Et ils pourront accompagner leur frénésie jacobine de toutes les sanctions possibles, cela ne me ferait pas bouger d’un iota.
L’abstention est massive ? Oui. Elle ne fait que traduire – démocratiquement – une réalité incontournable : les gens s’abstiennent parce que les gugusses qui sollicitent leurs suffrages ne leur plaisent pas. Mais aussi parce qu’ils ont compris que, lorsqu’ils votent pour des personnes qui leur conviennent, le vote pipé ne tient aucun compte de leurs choix.
On ne me fera donc pas voter de force. Quoi qu’il en coûte, je revendique le droit de ne pas participer à leur mascarade, à leur démocratie avariée et à leur République qui ne l’est pas moins.