Par Caroline Parmentier
Claude et Marie Verneuil (Christian Clavier qui n’avait pas été aussi drôle depuis des lustres et Chantal Lauby, touchante) forment un couple de bourgeois cathos provinciaux (et gaullistes revendiqués) qui s’est toujours obligé à faire preuve d’une grande ouverture d’esprit. Quand leur première fille épouse un musulman, leur seconde un juif et leur troisième un chinois, leur bonne nature en prend quand même un sacré coup, tendance : « mon frère tant que tu veux, mon gendre jamais ». Tous leurs espoirs se fondent alors sur leur cadette, Laure…
Personne n’est tout blanc ou tout noir dans cette comédie et c’est ce qui en fait l’intérêt. Politiquement correct ? Non. C’est plus intelligent que ça. Ni redresseur de tort ni moraliste, juste très bien vu.
Le grand talent du réalisateur Philippe de Chauveron et des scénaristes est d’avoir su rendre la sauce parfaitement digeste malgré l’accumulation et d’avoir maintenu tout du long le rythme sans baisse de régime. Les acteurs sont très bons, les dialogues écrits et on a droit à un feu d’artifices de répliques (dont certaines sont bien parties pour devenir culte) et de situations à mourir de rire. L’ensemble est sympathique et bon enfant et l’on ne sort pas du registre de la comédie, laquelle fait un triomphe et démarre aussi fort au box-office que Bienvenue chez les Ch’tis ou Intouchables.
La scène dans laquelle les gendres, David, Rachid et Chao entonnent la main sur le cœur, devant leur beau-père éberlué, une sonore « Marseillaise » – et pas seulement le premier couplet – déclenche des applaudissements dans les salles. Les gens en auraient-ils marre qu’elle soit sifflée ?
Mais ça ne fait pas rire tout le monde. Les Inrocks ont flairé la comédie franchouillarde « qui gomme le problème du racisme en France » : « Aujourd’hui, en France, où les sondages, à longueur d’années, nous répètent que le racisme est en augmentation, où les partis de droite comptent de plus en plus d’électeurs décomplexés, les spectateurs ont bien envie qu’on leur dise que ce n’est pas si grave d’être un peu raciste, puisque tout le monde l’est un peu, n’est-ce pas. « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » est là pour leur faire du bien : oui, vous êtes un peu racistes, pleins de préjugés, chers compatriotes, mais ce n’est pas si grave si tout le monde fait un petit effort. Surtout si les pas tout à fait blancs et pas catho se comportent comme n’importe quel franchouillard de base (boivent de l’alcool et mangent du porc, etc.), n’est-ce pas ?
Mais qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu pour supporter un prêchi-prêcha pareil ?