Il est minuit dix au moment où cet article est rédigé place des Invalides. Si d’un côté environ 1000 jeunes veillent paisiblement, 1500 autres font face à environ quelques 400 CRS (ils étaient 22×70, soit 1540 policiers et gendarmes mobilisés cette nuit-là selon une source policière). La moitié des manifestants est encerclée entre la rue de l’université et l’esplanade des Invalides. Scandant des slogans tels que « Taubira casse-toi ! », « Hollande ta loi on en veut pas ! » ou encore « Nous sommes le peuple ! », ces jeunes ont le plus souvent, des mines d’étudiants bien élevés, quoique certains soient un peu plus rugueux que d’autres. On note quelques jets de pétards et de bouteilles mais surtout une grande détermination dans le regard de cette jeunesse qui bat le pavé.
Face aux CRS qui alternent charges et gazages, les jeunes, plus nombreux et plus motivés qu’à l’accoutumée reculent mais de quelques mètres seulement avant de faire demi-tour. Et cette « Valls » dure de 22h30 à minuit. Les manifestants, ulcérés par le passage en force du gouvernement malgré les mobilisations massives contre le projet de loi, sur le « mariage » homosexuel, crient leur colère et ne désarment pas. Vers 23h45, un impressionnant cordon de CRS encercle environ 700 jeunes rue de l’université, tout en étant eux-mêmes encerclés par 700 autres jeunes. Les policiers en civils ont sorti leurs brassards, casques de moto et matraques télescopiques. Le ratissage semble imminent. Toutefois les CRS pris en sandwich entre 1500 manifestants ont du mal à contenir la foule qui se fait de plus en plus pressante. Solidaires entre eux, les jeunes ne s’en laissent pas compter. Juste avant le ratissage prévu, les manifestants de l’esplanade viennent en aide à ceux de la rue de l’université. La tension atteint son paroxysme. Sous la pression le cordon cède, des CRS sont à terre et une partie des manifestants bloqués rejoint l’esplanade. Quelques minutes plus tard, le scénario se répète. Cette fois-ci les policiers font un usage très large de gaz lacrymogènes et chargent. J’en reçois une bouffée et suis contraint d’attendre quelques minutes que l’effet de celui-ci se dissipe. Cela n’a pas empêché les manifestants de casser le cordon de CRS et, pour la plupart, de réaliser une jonction sur l’esplanade.
Vers 00h30, la situation est la suivante : le millier de veilleurs est reconduit au métro Varenne par un cordon de CRS. Sur l’esplanade, demeurent environ 25O manifestants qui entonnent des chants de marche. Ils ont déjà eu à subir quelques charges de CRS. Petit à petit, le nombre impressionnant de policiers et gendarmes mobiles, assistés par des policiers en civils (qui ne portent pas toujours leur brassard) encercle le dernier carré de jeunes. L’étau se resserre et après quelques échauffourées, vers une heure du matin, les jeunes sont dispersés à la hauteur du métro La Tour-Maubourg. Une douzaine d’entre eux auraient été interpellés
Le retour dans les rues de Paris en vélib se fait en apercevant, çà et là, quelques jeunes manifestants rentrant chez eux la bouche encore pleine de slogans. L’opposition au “mariage” homosexuel a battu son plein cette nuit dans les rues de Paris, jusque sur la borne vélib d’arrivée sur laquelle est collé…un autocollant Manif Pour Tous.
Cette nuit François Hollande aura eu le mérite d’être le Président du rassemblement contre lui de toute une génération : celle qui ne lâchera rien.
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