Le constat est précis : selon le président de l’université de Hambourg, Dieter Lenzen, les deux tiers des migrants qui arrivent actuellement en Allemagne sont pratiquement illettrés – ils atteignent tout juste le premier niveau de compréhension de la lecture selon la grille de compétence de PISA. A ce niveau, il est simplement demandé aux personnes évaluées de repérer une ou deux informations simples dans une liste ou dans un texte centré sur l’information recherchée.
En l’occurrence, les réfugiés syriens, s’ils sont environ 15 % à détenir un diplôme universitaire – l’Allemagne compte 19 % du groupe d’âge similaire dans ce cas – sont nombreux à ne même pas savoir lire un horaire de bus.
Dieter Lenzen souligne que cette situation aura nécessairement des effets sur le système d’éducation allemand, mis à rude épreuve devant l’arrivée d’étrangers qui non seulement ignorent la langue de leur pays d’accueil mais ne maîtrisent pas l’écrit dans la leur. Il cite également une étude du professeur d’économie Ludger Wössman permettant de constater que le niveau réel d’instruction des migrants est très loin d’être connu. Pour Lentzen, il est raisonnable de dire qu’environ deux tiers des réfugiés n’ont aucune formation qualifiante dans leur pays d’origine, contre 14 % en Allemagne.
Pour ce qui est de la minorité qui possède un niveau universitaire, l’intégration dans une faculté allemande n’est pas pour autant facile. Il faut les mettre à niveau en allemand ce qui coûte, estime-t-il, environ 80.000 euros par an par groupe de 25 étudiants – avec un minimum de 2 ans et demi de cours de 20 heures par semaine. Rapportée aux besoins actuellement constatés, on arrive à un budget de 2 milliards d’euros par an au rythme actuel des arrivées.
S’y ajoutent les malentendus sur la formation à suivre. Le système syrien est bâti selon le modèle américain où la formation professionnelle se fait à l’« université » – l’Allemagne, elle, privilégie l’apprentissage. Sur la foi de leurs déclarations, ignorants du système au demeurant, de nombreux jeunes réfugiés sont inscrits à l’université où ils n’ont pas du tout leur place, et il faut ensuite les renvoyer.
« Nous devons nous préparer au fait que la majorité des jeunes réfugiés ne vont pas réussir leur formation à plein temps sur trois ans, ces cours ayant une forte proportion de contenus abstraits. Selon la chambre de commerce de Münich et de Haute Bavière, 70 % des jeunes originaires de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak qui ont commencé leur formation il y a plus de deux ans ont déjà abandonné », affirmait en décembre Ludger Wössmann.
Les inquiétudes exprimées aujourd’hui par le président de l’université de Hambourg confirment que le problème ira en s’aggravant.