Tempête de sable est une curiosité : ce film israélien, à la réalisatrice juive et aux acteurs arabes, s’intéresse au drame quotidien vécu par les Bédouins. Ces Arabes d’Israël survivent difficilement dans le désert du Néguev, au sud d’Israël. Ils vivent dans des bidonvilles, qui sont régulièrement rasés au bouteur par l’armée israélienne, officiellement pour des motifs d’urbanisme et d’hygiène. Aucune solution de remplacement n’est proposée. Il y a une politique générale israélienne non-dite depuis 1948 visant à rendre la vie impossible aux Arabes, afin de les pousser au départ, définitif.
La réalisatrice est une militante de l’extrême-gauche israélienne qui ose porter un regard plein de sympathie et de compassion sur cette population bédouine. Pourquoi pas ? Le premier problème, majeur, de Tempête de sable, est qu’un film est aussi un spectacle, plus encore pour une fonction dramatique que pour un documentaire ; or l’intrigue est assez faible. Un grand étalage de bons sentiments fait très rarement de bons films.
Second problème majeur, ce message de sympathie pour les Bédouins et leurs souffrances est rapidement brouillé, selon nous, par la volonté de décrire de façon juste cette société spécifique, très strictement musulmane et très fermée. Les femmes y ont un sort fort peu enviable, avec des mariages imposés avec de proches cousins. Après le mariage forcé subsiste encore la menace permanente de la répudiation, suivant l’humeur du seul mari, qui chasse la femme de sa maison et peut la priver de tout contact avec ses enfants. Ces faits sont montrés dans Tempête de sable de manière lourdement démonstrative. Il n’en reflète pas moins de dures réalités. Mais il est difficile de conserver quelque empathie pour une telle société… Contrairement à son objet affiché, le film en devient presque, involontairement, à charge.
L’histoire au cœur du film est celle d’une jeune femme de ce milieu bédouin. Elle est étudiante à Beer-Shev’a, et compte épouser un étudiant à son goût. Logiquement, elle compte le présenter à ses parents. Son père l’a laissée suivre des études, témoignage, pense-t-elle naïvement, d’une certaine ouverture d’esprit pour sa communauté. Elle se trompe lourdement, lui répond sa mère. Mais il a beau être musulman, arabe, bédouin, comme il n’est pas du même village, cette union est de facto impossible. Il est difficile de faire pire comme mentalité fermée. Ainsi, les personnages féminins, au moins, seront forcément malheureux.
Tempête de sable, peut intéresser comme quasi-documentaire. C’est néanmoins un spectacle trop lent et dur, du fait de la violence psychologique permanente. La conclusion est aussi abrupte qu’absurde en apparence, à moins qu’ajoutant à la pesanteur du film l’héroïne ne soit devenue folle de douleur.