Jean-François Kahn rappelle à ses confrères journalistes leurs trahisons!

 

C’est l’un des rares journalistes français à avoir soutenu l’Algérie lorsqu’elle combattait la canaille intégriste du FIS et du GIA dont les caïds ont depuis trouvé refuge au Qatar. Tous les autres journaux, et tout particulièrement Libération et Le Monde, avaient pris fait et cause pour les égorgeurs et les criminels. Le quotidien Le Monde avait même lancé à l’époque la question abjecte du « Qui tue qui en Algérie ? » Jean-François Kahn revient sur la trahison de ces journalistes français, aux ordres de l’Empire, qui ont guerroyé contre l’Algérie et la Tunisie en couvrant leur philo-islamisme d’une cire droit-de-l’hommienne. Leurs jérémiades sur Charlie Hebdo aujourd’hui ne doit pas occulter leur compromission d’hier.

Dans une chronique titrée «Et si on reconnaissait enfin toutes les erreurs que nous payons aujourd’hui», Jean-François Kahn rappelle que «les premiers résistants qui versèrent leur sang en affrontant la barbarie furent des musulmans». «Tout a commencé par une trahison. Car on a presque fini par l’oublier ou, plus exactement, on a voulu l’oublier, ceux qui, depuis plus de vingt ans, sont tombés par centaines de milliers sous les coups des tueurs fanatisés d’un islam perverti sont des musulmans ; ceux qui, les premiers, à leurs risques et périls, leur ont opposé (je pense aux femmes algériennes) leur héroïque détermination sont des musulmans.

Ceux qui, les premiers également, ont lutté les armes à la main, comme aujourd’hui les Kurdes de Syrie, sont des musulmans.» Et, plus clairement, «or, on les a poignardés dans le dos». «Faut-il rappeler cette période terrible où l’Algérie étant en butte aux atrocités commises par ceux dont les auteurs du carnage de Charlie Hebdo sont les héritiers, toute une fraction des médias français se déchaîna non contre les ‘barbares’, mais contre ceux qui tentaient de leur tenir tête ?» Et : «Souvenons-nous donc : ce n’étaient pas les fanatiques allumés du GIA qui tuaient, massacraient, exterminaient femmes, enfants, vieillards, non, non, c’étaient leurs adversaires… Des témoins de leurs épouvantables agissements, scandalisés par ce déni, envoyaient des délégations à Paris pour dire le vrai.

On refusait de les recevoir. Des civils épouvantés dont on avait égorgé les proches, des démocrates, des laïcs, des patriotes, souvent issus de mouvances de gauche, à la suite de tueries, se regroupaient et constituaient des milices d’autodéfense, ce sont eux et non les islamistes qu’une journaliste de Libération fustigeait et désignait comme les fauteurs de guerre. Les tueurs étaient des ‘rebelles’, ce qui est noble, ceux qui appelaient à les combattre étaient des ‘éradicateurs’.

Donc des méchants. On sortait de temps à autre du chapeau des ‘officiers déserteurs’ qui affirmaient qu’en effet, ce n’étaient pas des islamistes qui tuaient. Gros titre à la une assuré. Or, on découvrit, à l’occasion des attentats de Londres, que c‘étaient tous des faux témoins, des militants islamistes radicaux à qui l’organisation avait demandé de jouer ce rôle. Les lecteurs (ou auditeurs) français n’en furent pas avertis.»

Les Algériens, les démocrates algériens, eux, n’ont pas oublié. Ils ne sont pas pour autant rancuniers, voire vindicatifs, eux envers lesquels la communauté internationale a été en faillite de solidarité, pis, a isolé le pays pendant la tragique décennie noire, considéré alors comme non sûr et non fréquentable.

Lorsque Charlie Hebdo a été la cible de l’attentat islamiste du 7 janvier, la presse algérienne a unanimement dénoncé le crime et apporté la solidarité – dont elle a elle-même cruellement manqué – à ses confrères français. Au niveau diplomatique, la présence du ministre algérien des Affaires étrangères à la marche de Paris a signifié la solidarité nationale à la France endeuillée, son soutien à lutte, aujourd’hui – ou plus exactement depuis le 11 septembre 2001 – internationale, contre le terrorisme que l’Algérie n’a eu de cesse de combattre, seule, pendant une décennie.

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