Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Manuel Valls. Point commun, outre leur origine socialiste, entre ces quatre hommes qui ne croient ni au Paradis ni à l’Enfer mais à l’Orient Eternel : l’espoir qu’avec un mois de retard, le Père Noël mettra dans leurs petits souliers le titre envié de candidat officiel du PS à la présidentielle.
Tous savent pourtant que de loin dépassés sur leur droite par Marine Le Pen et François Fillon, harcelés au centre par Emmanuel Macron, concurrencés à gauche par Jean-Luc Mélenchon, ils n’ont – en l’état actuel des choses du moins – que fort peu de chances d’accéder au second tour. Pourquoi donc cet embouteillage et cette rage de vaincre ? Tout simplement parce que le vainqueur de la primaire de gauche sera fort bien placé pour diriger le parti socialiste, ou ce qui en reste, après la « reine des élections », imprimer ses choix ou ses obsessions et peut-être gagner l’édition 2022. L’exemple de François Hollande qui, si longtemps imperturbable patron du PS après la déroute de Lionel Jospin puis l’échec de Ségolène Royal, entra à l’Elysée en 2012, fait saliver tous ses anciens ministres. Même si, tous familiers de Karl Marx, savent que « l’histoire ne se répète pas, elle bégaie » — « elle bafouille », corrigeait Céline.
L’école, « cette nouvelle église »
La cause est entendue. Dans ce quatuor infernal, c’est à qui sera le plus antipathique, le plus démagogue, le plus antinational… et le plus incompétent. On croise donc les doigts pour que tous soient renvoyés, et pour longtemps, dans les ténèbres extérieures. Mais le plus maléfique, car le plus idéologique, des quatre est, à n’en pas douter, le « serpentueux Peillon », comme l’a si bien épinglé l’ami Cochet. Un serpent dont le venin est voué à la destruction du catholicisme.
Fervent admirateur des Grands Ancêtres, Vincent Peillon célèbre ainsi « 1789, l’année sans pareille, celle de l’engendrement […] d’un homme nouveau » : « La Révolution est un événement métahistorique, c’est-à-dire un événement religieux. La révolution implique l’oubli total de ce qui précède la révolution. Et donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches prérépublicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi. »
Malheureusement, déplore-t-il, « La Révolution n’est pas terminée » (titre de son essai paru au Seuil en 2008) : « On a fait la révolution politique mais pas la révolution morale et spirituelle » car « on ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique ». Ergo, « il faut inventer une religion républicaine ».
Les Frères contre la mère
Qu’on ne s’étonne donc pas si, nommé quatre ans plus tard par Hollande ministre de l’Education nationale, le fanatique tente d’imposer les nouveaux rythmes scolaires, dont il souhaite qu’ils permettent d’« arracher les enfants aux déterminismes sociaux, culturels et religieux », et les « ABCD de l’égalité » instituant la théorie du genre « contre les stéréotypes filles-garçons à l’école ». Un programme que suivront ses successeurs Benoît Hamon et Najat Vallaud-Belkacem.
Tout est bon pour « arracher » l’enfant à sa famille, la femme à sa mission essentielle : la transmission de la vie mais aussi de la civilisation léguée par ses ancêtres.
Dans ce plan démoniaque, Peillon n’est certes pas un précurseur puisque, rappellent Anne Brassié et Stéphanie Bignon dans Cessez de nous libérer ! (éd. Via Romana), le député, futur président du Conseil et Vénérable René Viviani cité le 18 janvier 1890 par Le Journal officiel n’hésita pas à proclamer : « L’école laïque n’aura porté ses fruits que si l’enfant est débarrassé du dogme, s’il a renié ses pères, s’il a renoncé à la foi catholique. Comme les choses n’iraient pas assez vite à notre gré pour que l’apostasie soit générale, nous nous emparerons du monopole de l’enseignement et alors force sera aux parents de nous livrer leurs enfants. » Même détermination six ans plus tard, devant un Convent du Grand Orient de France, de la part de l’inspecteur d’académie Dequaire-Grobel : « Le but de l’école laïque n’est pas d’apprendre à lire, à écrire et à penser, c’est de former des libres penseurs. […] L’enfant n’a pas profité de l’enseignement s’il reste croyant. » Et enfin le Parti communiste français de surenchérir le 16 novembre 1922, lors de son 2e congrès, avec cette énormité (que nul ne lui a jamais reprochée) : « Il faut détruire dans la femme le sentiment égoïste et instinctif de l’amour maternel. La femme n’est qu’une chienne, une femelle, si elle aime les enfants. »
Non au baptême, oui à la bar-mitzvah
Mais, justement, Peillon a de qui tenir. Si sa mère, Suzanne Blum, était une scientifique – ainsi que son oncle le professeur Étienne-Émile Blum-Baulieu, inventeur de la « pilule du lendemain » pour les gamines et tout récent lauréat de l’un des 11es Prix de la Laïcité décernés par Mme le maire de Paris –, son père Gilles Peillon était un militant communiste. Si apprécié de la Nomenklatura stalinienne que celle-ci lui confia la direction générale de la première banque soviétique hors d’URSS, la Banque commerciale pour l’Europe du Nord par laquelle transitaient les valises de billets pour les partis « frères », dont le PC“F”, qui y disposait de 219 comptes (et la CGT de 200). Ayant donné toute satisfaction à la BCEN, Peillon père dirigea, après l’indépendance de l’Algérie, l’Union méditerranéenne de banque, un établissement franco-algérien. Est-ce pour cela que, répétant dans son nouveau livre Une religion pour la République (Le Seuil, 2010), qu’« il faut donc déraciner l’empreinte catholique qui ne s’accommode pas de la République », il précise : « contrairement à l’islam » ? Cet islam dont il s’obstine à nier les pesanteurs religieuses et sociologiques, autrement écrasantes.
Tout comme il nie celles du judaïsme, sans doute parce qu’il y est revenu. Remarié avec Nathalie Bensahel, une journaliste du Nouvel Obs’ et de Libération qui lui a donné deux fils, Elie et Izaak, il fit célébrer en 2009 la bar-mitzvah d’Elie dans la synagogue de la place des Vosges où il avait « mis les tefillins » pour « monter à la TORAH », signalait le site israel.com. Du coup, commentant la nomination de Peillon au ministère de l’Education nationale, le site israélien jssnews.com laissait éclater sa joie le 16 mai 2012 : « Avec un pareil héritage, on peut être certain que l’apprentissage de la Shoah demeurera important pour ce gouvernement… Le gouvernement “Ayrault 1” a de quoi satisfaire les Français d’Israël. »
Voilà donc le fier républicain qui se veut l’incarnation des Immortels Principes, l’impeccable apôtre du laïcisme renommé pour sa « grande rigueur morale et intellectuelle ». Etait pour une fois dans le vrai, Pierre Moscovici, qui avait surnommé « Docteur Vincent et Monsieur Peillon » ce fieffé hypocrite – aujourd’hui soutenu avec enthousiasme par deux autres maçons de haut rang, Anne Hidalgo, la madone de la Gay Pride, et le député Patrick Bloche, l’un des pères du PACS.
J’ai bien conscience, amis lecteurs, qu’en cette quasi-veille de Nativité, vous vous attendiez à une autre chronique. Mais actualité first ! comme dirait Donald Trump. Et puis la vérité, que s’acharne à vous dissimuler la médiocratie, n’est-elle pas le plus beau des cadeaux puisqu’elle « rend libre » ? Joyeux Noël et très heureuse année (sans Peillon) à tous !
Camille Galic – Présent