Lu ailleurs / Belle et Sébastien

Belle-et-Sebastien-1965-extraitPrésent

Pierre Malpouge

Chien perdu sans collier ! Une bouffée d’air pur des cimes dans les sinus, ça vous dit ? Alors, chaussez vos chaussures de randonnée et en route…

Séquence nostalgie : 26 septembre 1965. Ce jour-là, sur la première chaîne en noir et blanc de l’ORTF, un feuilleton télévisé français, écrit et réalisé par Cécile Aubry, voit le jour et « scotche » chaque dimanche soir, à 19 h 30, devant la « petite lucarne », enfants, parents et grands-parents. Son titre : Belle et Sébastien.

Ce 26 septembre 1965 était diffusé le premier épisode (13 épisodes de 26 minutes au total) qui nous entraînait là-haut sur la montagne, dans un village peuplé de rudes montagnards.

Là, on faisait connaissance avec César (Edmond Beauchamp), vieux berger aux traits burinés, ses petits-enfants Jean (Dominique Blondeau) et Angelina (Paloma Matta), Célestine la cuisinière (Hélène Dieudonné), Berg le douanier (Pierre Massimi), le docteur Guillaume (Jean-Michel Audin) et… le petit Sébastien (Mehdi El Glaoui, fils de Cécile Aubry), enfant de six ans dont la mère est morte en lui donnant naissance et que César a recueilli et élevé comme son propre fils.

Et puis, à ce « tableau » rupestre, il faut ajouter Belle, une chienne des Pyrénées (née le même jour que Sébastien) au pelage blanc comme neige que Sébastien sauve de la vindicte des villageois. L’enfant et la chienne « sauvage » deviennent des inséparables et, ensemble, ils participeront au démantèlement d’un trafic de contrebande dont le chef, Norbert Legrand (Maurice Poli), a trouvé refuge dans le chalet de César.

Grand succès populaire au même titre qu’un autre feuilleton, PolyBelle et Sébastien sera suivi de ce qu’on appellerait aujourd’hui des « séquelles » : Sébastien parmi les hommes (1969), avec notamment Claude Giraud, et Sébastien et la Mary-Morgane (1970).

Avec le feuilleton (on ne parlait pas encore de « série ») Belle et Sébastien, les jeunes années de ceux qui ont plus de 40 ans ont couru dans la montagne, dans les sentiers couverts de fleurs et de neige.

Variantes

Près de cinquante ans plus tard, le cinéaste animalier Nicolas Vanier nous fait revivre l’amitié entre l’enfant solitaire Sébastien (Félix Bossuet) et la chienne Belle qu’il sauve des balles des chasseurs du village (parmi lesquels Mehdi El Glaoui qui a pris de l’embonpoint) et de son grand-père bougon César (Tcheky Karyo), rude gaillard taiseux plus porté sur le génépi que sur la verveine de Hollande.

Tous les personnages du feuilleton — même la musique du générique –, ou presque, sont là : Angelina (Margaux Chatelier), le docteur Guillaume (Dimitri Storage)…

La belle équipe ! Si l’histoire d’amitié entre l’enfant et la chienne est la même, en revanche, le scénario a subi quelques variantes : l’action ne se passe plus dans les Pyrénées des années 1960 mais dans les Alpes, à la frontière suisse, sous l’Occupation allemande. Ici, il n’est plus question de contrebande mais du passage de familles juives vers la Suisse. Un procédé « dramatique » dans l’air du temps – « Qui de mieux que des soldats nazis (sauf un) dans le rôle des méchants ? », relève Le Point – et déjà utilisé dans le « remake » La nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier. Un « détournement » d’époque heureusement pas trop appuyé, mais était-ce bien nécessaire ?

Excepté ce coup de canif dans l’histoire originale, une chose est sûre, Nicolas Vannier sait filmer la nature, les animaux, et signe une belle « carte postale » familiale de Noël. Reste à savoir si, pour les enfants d’hier, la magie et la nostalgie seront au rendez-vous.

 

 

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