Une petite ville, non loin d’Angoulême. Camille, 12 ans, adore la gym et le cirque. Elle voit ses parents s’engager dans une communauté religieuse dont les valeurs sont basées sur le partage. Ceux-ci lui demandent de renoncer à ses cours de cirque sur demande de la nouvelle communauté religieuse. Camille abandonne le cirque. Elle voit ses habitudes de vie changer radicalement. Elle constate également que la communauté dans laquelle ses parents s’investissent se comporte de plus en plus comme une secte. Elle se met alors en tête de se battre pour sauver sa famille. Avec : Céleste Brunnquell (Camille Lourmel), Camille Cottin (Christine Lourmel, la mère), Jean-Pierre Darroussin (le berger), Éric Caravaca (Frédéric Lourmel), Laurence Roy (Mamie), Daniel Martin (Papi), Spencer Bogaert (Boris), Benjamin Gauthier (Jean-Marie), Suzanne de Baecque (Marie-Laeticia), Armand Rayaume (Matthieu Lourmel), Jules Dhios Francisco (Benjamin Lourmel), Eva Ristorcelli (Eva Lourmel). Scénario : Sarah Suco et Nicolas Silhol. Directeur de la photographie : Yves Angelo. Musique :Laurent Perez del Mar.
Récompenses : Prix « Cinéma 2019 » de la Fondation Barrière, Prix du meilleur film pour lors de la 17eédition du festival Alice nella città de Rome (2019), Prix « Cinéma 2019 » de la Fondation Barrière, Prix « Célestine 2019 » du festival du film français d’Helvétie.
Dire que Les Eblouis est un mauvais film serait totalement malhonnête. Il s’agit même d’un film très adroitement réalisé. Sarah Suco sait utiliser une caméra. Elle décrit les faits avec beaucoup de justesse. Du moins dans la mise en place de l’intrigue où la réalisatrice montre avec une certaine subtilité le glissement progressif des parents vers l’obscurantisme et leur soumission au dirigeant de la secte. On comprend vite que Sarah Suco a connu une expérience très proche de ce qu’elle nous présente au travers de son scénario. Elle décrit très bien la stratégie sectaire d’emprise sur les cerveaux. Elle dirige remarquablement ses comédiens. Parmi ceux-ci, on peut même parler d’une révélation, celle de Céleste Brunnquell qui, dans ce premier rôle plein de pièges, parvient magnifiquement à faire affleurer à l’écran les réactions et les émotions contradictoires de son personnage. Autour d’elle, Jean-Pierre Darroussin est très à l’aise dans le rôle du gourou dont il a quasiment le physique de l’emploi et Camille Cottin, alors qu’elle a habitué son public à la voir évoluer dans le registre de la comédie (Toute première fois de Maxime Govare et Noémie Saglio en 2015,Le Mystère Henri Pick de Remi Bezançon en 2019, Deux moi de Cedric Klapisch en 2019), étonne, au point d’être assez saisissante, dans ce rôle de mère psychologiquement très fragile. D’Eric Caravaca (Qui a envie d’être aimé ? d’Anne Giafferi en 2011, Grâce à Dieu de François Ozon en 2018), on ne dira trop rien tant il parait lui-même, c’est-à-dire mou et sans caractère, dans ce rôle de père aimant et naïf.
Voilà pour le positif car il y a un mais ! D’abord, après cette phase réussie de description du processus d’attirance et d’endoctrinement, le récit se perd dans des diversions, la tension du début tombe progressivement pour ensuite basculer dans une absence de nuance, dans un discours à la fois glauque, caricatural et finalement manichéen. La question se pose également de l’apport, de l’utilité et de la pertinence de l’introduction d’une scène montrant la découverte de sa sexualité par la jeune héroïne, comme de la séquence amoureuse avec son jeune ami, totalement grotesque au demeurant… Pire, le spectateur devient très gêné devant un récit qui semble volontairement ne pas faire de nuance entre secte et religion catholique, mélangeant communauté charismatique et secte, puisqu’il est clairement fait allusion à un lieu de rassemblement catholique qui n’est autre que Paray Le Monial ! Pour preuve que l’assimilation est vite faite, Eric Neuhof, le critique du journal Le Figaro, spectateur pourtant on ne peut plus averti, dans son papier du 20 novembre 2019, commence sa critique ainsi : « Communauté charismatique, on dit comme ça. Traduire : secte. (…) ». Par moment, on éclaterait volontiers de rire (le gourou qui fait précéder ses arrivées en réunion par les bêlements de ses ouailles) si la charge contre l’Eglise ne se trouvait pas, encore une fois volontairement ou non, au centre du propos. Ou alors il faudrait que la cinéaste cite clairement la communauté visée. De sorte que finalement, il faut classer cet ouvrage au rayon des films anti chrétiens et constater qu’entre ce déchainement de Christianophobie et le culte à Pachamama au Vatican, le catholique de base et fervent a de quoi être un peu déboussolé !
Bruno de Seguins Pazzis – Salon beige