Conférence de presse de Marine Le Pen, Présidente du Front National
« On mesure une démocratie au traitement réservé à l’opposition »
Si on s’en tient à cet axiome, il y a lieu de s’inquiéter pour la démocratie française.
Sans que cette affirmation ne puisse être raisonnablement démentie, il est une vérité objective que le Front National fait partie des principales formations politiques françaises.
A plusieurs reprises dans le cycle électoral passé, il est arrivé en tête de tous les partis politiques.
A la dernière élection de 2017, sa présidente s’est qualifiée au second tour de la présidentielle, performance que les sondages confirment encore maintenant si les élections avaient lieu aujourd’hui (enquête Ifop rendue publique le 22 octobre 2017).
Après la persécution judiciaire massive dont nous sommes la victime, nous assistons à un nouvel échelon dans la persécution contre le FN : le bannissement bancaire.
Avec plusieurs dizaines de milliers d’adhérents, des ressources stables et sans connaître le moindre incident de compte, le Front National s’est vu signifier, sans aucune raison, un bannissement bancaire de la part de la Société générale qui était sa banque depuis de très nombreuses années.
Cette décision de suppression brutale des comptes a touché le Front National, le mandataire financier et une quinzaine de fédérations.
Le médiateur de la Société Générale saisi le 11 août 2017 a refusé d’ouvrir le moindre dossier de médiation, indiquant « dans votre cas, je ne ferai pas de médiation », preuve qu’il s’agissait non d’un litige d’un client avec sa banque, mais bien d’une décision politique de la part de la direction de la banque Société générale.
Une discrimination préméditée
La décision de la Société générale s’inscrit dans un long processus de discrimination organisé à l’encontre du Front national.
Déjà, en janvier 2013, rompant avec sa pratique usuelle de prêts à tous les candidats, la banque annonce qu’elle ne consentira plus de prêts au Front national et à ses candidats.
Le Front national a dès lors cherché à activer un compte en sommeil ouvert depuis des années au Crédit du Nord (filiale de la Société générale).
Visiblement sous la pression de la maison mère, le CDN a ordonné la fermeture de ce compte. (Lettre du 26/10/2017)
Saisie par le Front National, la Banque de France a désigné le Crédit du Nord et l’a enjoint d’ouvrir un compte au bénéfice du Front National.
Obligé de s’exécuter, le Crédit du Nord a bien ouvert le compte, mais refuse au Front national l’usage des chèques et l’encaissement par cartes bleues des dons et des adhésions.
Le Crédit du Nord refuse également la mise en place des prélèvements, actuellement utilisés pour permettre l’encaissement de la contribution des élus à la vie du mouvement.
Privé de ces recettes, cette situation met le Front National face à une difficulté majeure et empêche tout fonctionnement normal du parti.
On le voit, la Société générale et le Crédit du Nord poursuivent de leur vindicte militante le Front National et cherchent à priver de toute capacité pratique de fonctionnement un parti qui a rassemblé 11 millions de Français.
Un parti politique interdit d’user d’argent liquide peut-il fonctionner sans accès aux chèques et aux cartes bleues ?
Le Front National est un parti politique et à ce titre se voit légitimement interdire par la Commission de contrôle des partis politiques l’usage de l’argent liquide.
Dans le même temps, il est privé de la capacité d’utiliser des chèques et d’encaisser des recettes par CB.
Hier, un paradoxe similaire avait conduit le Système à jeter l’opprobre sur le Front National pour un prêt à une banque étrangère, alors que l’ensemble du système bancaire français se targuait de lui refuser le moindre prêt.
Les oligarchies financières sont tentées de porter atteinte à la liberté de parole qu’elle soit journalistique ou politique.
Nous sommes en présence d’une tentative d’étouffement d’un mouvement d’opposition.
Il est du devoir de tous les démocrates de ne pas l’accepter.
Il semble que les oligarchies financières qui se sentent protégées, voire encouragées par une sorte d’impunité soient tentées d’intervenir de plus en plus dans le cours de la démocratie en France.
On l’a vu avec l’intention à peine voilée du milliardaire Bernard Arnault de sanctionner le journal Le Monde en le privant de publicités de son Groupe LVMH pour un montant de 600 000 euros.
Les opposants vont-ils être réduits à un exil bancaire ?
La question que pose le scandale de la Société générale et du Crédit du Nord, maintenant, relève de l’éthique et des libertés publiques.
Est-il acceptable qu’une banque puisse décider qui a le droit d’exercer sa liberté d’expression en France ?
D’autant plus que cet acharnement touche maintenant des dirigeants à titre personnel.
Qu’arriverait-il si demain une banque pouvait décider du bannissement bancaire d’un journal pour avoir révélé des pratiques de société offshore ou des retraites chapeau de dirigeants ?
Quelle serait la réputation internationale de la France s’il était prouvé que des opposants comme des journalistes sont obligés d’aller chercher un asile bancaire à l’étranger.
Marine Le Pen en a appelé au président de la République
Marine Le Pen, Présidente du Front National, reçue à ce titre par le président de la République mardi 21 novembre 2017, l’a saisi de ce problème.
Gardien des institutions en vertu de l’article 5 de la Constitution, le président de la République doit veiller au libre exercice de l’activité des partis politiques, tel que protégé par l’article 4 de la même Constitution.
Il prévoit :
« Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement…..
La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation. »
J’en appelle à tous les électeurs du Front National, aux 11 millions d’électeurs dont on cherche ainsi à étouffer la voix, que l’on prive du choix politique en empêchant le mouvement du Front National de participer librement à la vie démocratique.
Plus généralement, j’en appelle à tous les Français qui, quelle que soit leur opinion, sont des défenseurs de la démocratie et refusent que le système bancaire et les membres de leurs conseils d’administration, sauvés grâce à l’argent des contribuables en 2008, se substituent aux élections.
J’en appelle aussi aux autres partis politiques qui, demain, seront peut-être victimes à raison de leur prise de position de cette fatwa bancaire.
Le système bancaire et notamment la Société générale, le Crédit du Nord et la banque HSBC ne doivent pas imaginer qu’ils peuvent influer de manière aussi scandaleuse dans le processus démocratique .
Nous déposerons évidemment plainte tant au nom du Front National contre la SG, qu’à titre personnel contre la HSBC.
Et appelons nos cadres, nos élus, nos adhérents, nos électeurs à en tirer toutes les conséquences et à soutenir plus que jamais le Front National et la démocratie.
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VERBATIM DE LA CONVERSATION DE MARINE LE PEN AVEC LE DIRECTEUR DE HSBC
Mlp : HSBC va clôturer mon compte alors que je suis cliente depuis, je pense, plus de 25 ans. 25 ans… Parce qu’elle ne me connaît pas assez, alors que je suis une personnalité publique dont, encore une fois, le patrimoine est public, non pas sur quelques sites comme vous dites, mais sur le site de la Haute Autorité qui est une structure elle-même publique ; que vous ne connaissez pas assez précisément l’origine des fonds sur mon compte alors que l’origine des fonds sur mon compte provenait exclusivement du Parlement européen et des allocations familiales et, aujourd’hui, de l’Assemblée nationale et des allocations familiales.
Et vous êtes en train de me dire à moi que, cliente depuis 25 ans, vous ne me connaissez plus assez bien pour continuer à m’autoriser à avoir un compte chez vous, c’est une plaisanterie j’espère ?
HSBC : non je ne sais pas, mais clairement, je pense que c’est les informations qu’on a qui sont insuffisantes
Mlp : mais ça veut dire quoi « l’information qu’on a est insuffisante ? » Ça veut dire quoi monsieur ? allez au bout de votre argumentation. Qu’est-ce que ça veut dire ?
HSBC : ça veut dire que l’exigence définie par la réglementation, par le régulateur français et par la banque centrale sur la connaissance des clients est élevée sur une personne politiquement exposée
Mlp : Mais ça veut dire quoi ? qu’est-ce qui vous manque comme information sur moi, que je devrais vous donner et que vous n’avez pas depuis 25 ans ?
HSBC : Je ne peux pas vous le dire parce que…
Mlp : Vous ne pouvez pas me le dire ?
HSBC : Non, parce que je n’ai pas à le connaître
Mlp : Vous n’avez pas à le connaître ? Attendez, je ne comprends pas. Vous me dites que vous n’avez pas assez d’informations sur moi et, quand je vous demande quelles informations vous manquent, vous me dites que vous ne pouvez pas me le dire
HSBC : Non, parce que je n’ai pas à connaître la situation individuelle des clients. Nous avons des personnes qui sont en contact avec vous, qui connaissent votre situation…
Mlp : Mais monsieur, moi je n’ai jamais reçu de lettre de la HSBC me disant « madame, nous vous demandons compte tenu de la réglementation européenne, française, etc, nous vous demandons un certain nombre de renseignements », je n’ai jamais reçu cette lettre-là… mais envoyez-la-moi et je vous répondrai avec grand plaisir, comme cela, ça mettra fin à cette difficulté
HSBC : Madame Le Pen, in fine, je pense qu’après plusieurs échanges avec vous et avec la banque et…
Mlp : Ah non pas du tout, j’ai eu une fois un coup de téléphone qui n’a été suivi absolument d’aucun courrier, il y a un an
HSBC : Madame Le Pen, il est du libre arbitre de la banque…
Mlp : ah ben, nous y voilà Monsieur Vandeville, nous y voilà… donc en fait, vous considérez que vous ne voulez plus avoir Marine Le Pen comme cliente, mais dites-le, assumez-le et arrêtez de tourner autour du pot en utilisant des arguments dont vous voyez bien, vous-même,
que ce sont des arguments qui ne tiennent pas la route.
Dites clairement, Madame Le Pen, la HSBC ne veut plus de vous comme cliente, même si vous êtes cliente depuis 25 ans dans notre banque ou dans la banque que vous avez racheté auparavant… voilà c’est ça, dites-le moi
HSBC : et bien, c’est exactement ça
Mlp : Voilà, alors pourquoi vous utilisez des arguments, dont vous savez bien en réalité qu’ils sont faux….
HSBC : Nous avons d’autres clients politiquement exposés, des personnalités sensibles qui répondent aux mêmes exigences que vous et que nous gardons parce que nous avons…
Mlp : mais monsieur, vous ne pouvez pas, donnez-moi alors, faites-moi parvenir encore une fois, si vous avez des gens qui sont politiquement exposés et qui répondent, donnez-moi le questionnaire auquel je ne manquerai pas de répondre pour me conformer à des choses que l’on ne m’a jamais demandé, donnez-le-moi
HSBC : Je pense que ça fait plusieurs fois…
Mlp : Non, ça n’a pas été fait plusieurs fois
HSBC : Madame Le Pen, la décision de dénonciation de notre relation a été prise en début d’année, on a considéré que ça n’était pas une bonne chose de faire ça en pleine campagne, en pleine période d’élections, nous avons attendu que cette période soit passée…
Mlp : Non mais monsieur, admettez, je vous demande juste une chose, si vous refusez de m’adresser le questionnaire auquel soi-disant je n’ai pas répondu, étant entendu encore une fois, qu’il n’y a pas plus transparente comme personnalité que moi comme candidate à la présidentielle, compte-tenu des obligations légales dans ce domaine de la transparence.
A ce moment-là, vous m’envoyez encore une fois ce questionnaire auquel je répondrai, ou alors vous arrêtez votre cinéma et vous m’expliquez clairement que politiquement, la HSBC ne veut plus de Marine Le Pen, Présidente du Front National dans sa banque.
Voilà, c’est cela que vous devez faire, parce que c’est ça la loyauté, c’est l’honnêteté et à ce moment-là, les choses sont claires, vous avez le droit de le faire, vous avez le droit de décider qui vous voulez ou qui vous ne voulez pas, mais n’enrobez pas ça, s’il vous plaît, avec des considérations légales, alors qu’en l’occurrence, ce sont des considérations politiques
HSBC : Pas du tout, vraiment aucun rapport, nous faisons notre métier ; il est soumis à des contraintes très fortes…. celles qui déterminent nos décisions
Mlp : Alors, adressez-moi ce questionnaire Monsieur
HSBC : on vous l’a adressé plusieurs fois…
Mlp : Non monsieur, vous ne me l’avez pas adressé plusieurs fois, ça n’est pas vrai
HSBC : la décision est prise, donc ce que vous recevrez, ça n’est pas une nouvelle fois un questionnaire, ce que vous recevrez…
Mlp : Ben voyons..
HSBC : Voilà ce que je peux vous dire
Mlp : Très bien Monsieur, vous participerez de cette conférence de presse que je fais dans une heure et demie sur ce sujet et je dénoncerai évidemment votre comportement, comme le comportement de la Société générale, il intervient juste au même moment, comme par hasard et je vous remercie. D’ailleurs je publierai également cette conversation que je viens d’enregistrer entre vous et moi, de la même manière que vous les enregistrez à la demande de vos clients.
Au revoir