Chaque année à pareille époque resurgit la mode du Bleuet de France. Un peu avant la énième campagne des restos du cœur et l’éneplusunième téléthon. L’institution n’est pas nouvelle puisqu’elle vit le jour, selon Wikipédia, entre 1916, date de création de l’insigne, et le 15 septembre 1920. Au sortir de l’effroyable Grande Guerre et compte tenu du climat social de l’époque, l’intention est louable. Il s’agit alors pour la nation, selon les propres termes du président Doumergue, de « témoigner de sa reconnaissance et venir en aide à ces hommes qui ont sacrifié leur jeunesse à défendre la France ».
Serait-ce donc aux militaires de payer ?
Pour autant que je me souvienne (mais ma mémoire ou mon manque d’attention me jouent peut-être des tours), à une époque où les cérémonies du 11 novembre ressemblaient encore à des cérémonies, en présence des derniers poilus encore en vie, la chose n’était pas aussi visible qu’à présent. Le Bleuet de France a retrouvé de la vigueur au cours des dix dernières années avec la réapparition, pour notre armée désormais professionnelle, des morts et des blessés, dans des guerres dont certaines ne concernaient pourtant que de très loin notre pays. Des guerres qui, pas plus que les précédentes, n’ont abouti à quoi que ce soit de positif pour celui-ci. Et c’est bien là le cœur du problème.
Le Bleuet de France serait donc « le symbole de la mémoire et de la solidarité, en France, envers les anciens combattants, les victimes de guerre, les veuves et les orphelins ». A ceux-ci ont été ajoutés les soldats tombés ou blessés dans le cadre des opérations de maintien de la paix et les victimes du terrorisme ainsi que leurs ayant droit.
Naturellement, chacun se doit de faire œuvre de solidarité en achetant et portant la délicate fleur bleue à sa boutonnière, sous peine d’être considéré comme un mauvais citoyen voire comme un ennemi de la patrie. Chacun surtout chez les militaires car ici, comme souvent en pareil cas, on est dans l’entre-soi, le pékin de moins de 40 ans, formaté à l’internationalisme individualiste par la déséducation nationale et les médias, n’ayant pas accompli son service militaire n’y étant plus trop sensible. Un peu comme ces maîtresses d’école qui confient aux bambins la charge de vendre les tickets de tombola de la prochaine kermesse et qui font que, dans 90 % des cas, ce sont les parents desdits bambins qui se voient dans l’obligation d’acheter la totalité des billets du carnet. Eh quoi ! Serait-ce donc aux militaires passés au travers de la mauvaise fortune de payer pour leurs coreligionnaires moins chanceux, alors que tous ont été envoyés en opération par la représentation nationale ? Si des gestes entre frères d’armes restent possibles ici ou là, il appartient d’abord à l’Etat et à la nation d’assumer les conséquences de leurs décisions, en faisant en sorte qu’aucun de ceux qui ont été blessés en opération, ont eu à souffrir de la perte ou souffrent encore, au quotidien, de la diminution d’un de leurs proches ne soit laissé de côté ou dans le besoin.
A l’Etat d’assumer les conséquences de ses décisions !
Le plus insupportable restant qu’à l’heure où notre patrie, poignardée dans le dos par ceux qui sont chargés de la défendre, est saignée à blanc et submergée par une déferlante migratoire, à l’heure où le sacrifice de tant de poilus apparaît de plus en plus vain, puisque la France n’a sans doute jamais été autant dénaturée qu’à présent, des seconds couteaux zélés qui apportent par leur passivité leur concours à l’œuvre de destruction de la France trouvent le moyen de nous rappeler à l’ordre patriotique.
Magnus Martel – Présent