Instrumentalisation judiciaire!

Ce 18 novembre, alors que les forces de la Police nationale réalisent une opération difficile contre le terrorisme islamique, à quelques pas, symboliquement, de la Basilique Saint-Denis, alors que cette opération est toujours en cours, à 9h 15, des autorités de Justice, par communiqué, se sont empressées de faire connaître les « résultats » de ces actions de guerre menées par des fonctionnaires de police au péril de leur vie.

On ne peut s’empêcher de voir dans cette intervention médiatique la volonté de certains magistrats de s’approprier des mérites qui ne sont pas les leurs. Dans la lutte que la France doit mener contre l’islamisme radical, l’exécution des missions et leur bonne réussite opérationnelle appartiennent aux seules forces de l’ordre. Ce n’est pas à quelques magistrats, depuis les bureaux et les lambris dorés de la Place Vendôme, de tenter de faire croire que la qualité des enquêtes de police judiciaire et le professionnalisme des groupes d’intervention sont de leur fait.

Nous aurions souhaité, de la part de l’administration judiciaire, un peu plus de pudeur. D’autant que ces mêmes magistrats n’ont jamais soutenu la lutte que la Police nationale tente, depuis plusieurs décennies, de mener pour s’opposer à l’émergence du chaos actuel. Par une culture idéologique de la non-sanction, ils se sont toujours opposés à neutraliser des délinquants de droit commun qui fournissent actuellement les bataillons djihadistes. Ils n’ont jamais soutenu les forces de l’ordre dans les incidents qui opposaient la police de proximité à des membres de certaines communautés dans les quartiers difficiles. Pas plus qu’ils n’ont engagé de poursuites contre des rappeurs qui invitaient à tuer des policiers dans le cadre d’un rejet de la civilisation occidentale. Après les émeutes ethniques de 1995, pas de mises en cause des casseurs de mobiliers urbains, mais de longues « instructions » pour tenter de rejeter la responsabilité de ces émeutes sur des policiers.

Trop c’est trop! Et nous pourrions encore donner bien d’autres exemples de dysfonctionnements de la justice : le refus d’appliquer les lois de la récidive, l’interprétation catastrophique donnée aux règles sur la légitime défense, les permissions pour les détenus, les mauvais procès pour les contrôles dits « au faciès » etc. C’est pourquoi, il n’y a pas si longtemps, des milliers de policiers, tous grades confondus, ont manifesté leur colère sous les fenêtres de Mme Taubira. Et aujourd’hui ce sont les mêmes magistrats, derrière ces mêmes fenêtres qui, constatant combien la Police nationale est bien considérée par les Français tentent, par un communiqué inapproprié, de s’arroger cette considération qui ne peut être la leur.

Les policiers, pas plus que l’ensemble de nos concitoyens, ne peuvent cautionner ces instrumentalisations judiciaires provoquées par quelques magistrats « résistants de la dernière heure ». Pour l’histoire de la France, pour notre histoire, il faudra bien qu’un jour soient établis le mérite des uns et les fautes des autres.

Claude Guérin

Secrétaire général du Cercle national des Commissaires de police

Lu dans Présent

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