Deux dents, d’un membre jamais décrit jusqu’ici de la famille des hominoidés, ont été découvertes en Allemagne, près de Mayence à Eppelsheim en 2016, et dateraient de 9,7 Ma, d’après la biostratigraphie de ce site fossilifère classé au Miocène, déjà bien connu depuis le début du XIXè siècle, et qui a fourni nombre de fossiles. On n’a pas de datation absolue pour cette période et seule la chronologie géologique établie à partir de la présence de tel ou tel fossile – ici des mammifères, des micromammifères et des mollusques – est utilisable. La datation donnée est donc plausible selon toutes les études locales, croisements d’appréciations et comparaisons européennes des divers géologues qui se sont penchés sur cette question.
La lecture de l’article annonçant la découverte et présentant la géologie du sie, est édifiante à ce sujet, parsemée de ‘peut-être’, ‘la plus probable’, ‘nous pensons que’, ‘habituellement considérée comme’, ‘plus probablement’, ‘on peut certainement exclure’, etc., rappelant la solidité relative du résultat final…
L’examen des dents (mesures et comparaisons avec d’autres fossiles) représenterait un grand singe anthropoïde jusqu’ici inconnu au milieu des autres hominoidés d’Eurasie, montrant d’étonnantes ressemblances avec les homininés d’Afrique beaucoup plus récents (Ex.: Lucy, Australopithecus afarensis, 3,2 Ma).
Bien évidemment, cette découverte remet en circulation le berceau de l’humanité qui venait de faire une escale en Europe du Sud, Graecopithecus freybergi de 7,3 Ma, et empreintes de pieds humains modernes en Crète, datées de 5,7 Ma, après avoir quitté l’Afrique du Sud, l’Afrique de l’Est puis le Tchad…
Désormais l’Europe se place en tête du peloton des ‘berceaux de l’humanité’ qui, chaque année, remettent en cause les belles théories trompettées partout, des écoles aux universités, sur l’origine de l’homme. La théorie rabâchée sur ces origines selon une longue évolution ‘darwinienne’ a encore reçu du plomb dans l’aile.
Charles Chaleyat